Le Commentaire composé
Comment se présente un commentaire composé?
Un commentaire est entièrement rédigé, sans titres. Beaucoup d'élèves se trompent car en histoire-géographie, les titres sont acceptés mais pas en français.
Un commentaire, pour être lisible, doit comporter des parties clairement identifiables à l’œil nu : une introduction, un développement et une conclusion. Il est donc indispensable de commencer chaque partie par un alinéa ( retrait de 2 ou 3 carreaux par rapport à la marge) et de sauter une ou deux ligne (s) entre chaque partie du devoir.
Comme
on voit sur la branche au mois de mai la rose,
Un commentaire est entièrement rédigé, sans titres. Beaucoup d'élèves se trompent car en histoire-géographie, les titres sont acceptés mais pas en français.
Un commentaire, pour être lisible, doit comporter des parties clairement identifiables à l’œil nu : une introduction, un développement et une conclusion. Il est donc indispensable de commencer chaque partie par un alinéa ( retrait de 2 ou 3 carreaux par rapport à la marge) et de sauter une ou deux ligne (s) entre chaque partie du devoir.
1- Présentation d'un commentaire rédigé
Voilà à quoi ressemble un commentaire composé entièrement rédigé du poème de Ronsard "Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose" :Ronsard
Second livre des Amours
Comme
on voit sur la branche au mois de mai la rose,
En sa belle
jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa
vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour
l'arrose ;
La grâce dans sa feuille, et l'amour se
repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur ;
Mais
battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle
meurt, feuille à feuille déclose.
Ainsi en ta première
et jeune nouveauté,
Quand la Terre et le Ciel honoraient ta
beauté,
La Parque1
t'a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois
mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait2,
ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort ton corps ne
soit que roses.
1. Parque : déesse du destin, qui dévide et coupe le fil de la vie.
2.
Lait : offrande antique.
Aux
XVe
et XVIe
siècle, une des grandes préoccupations des poètes est de valoriser
et glorifier la langue française, à la fois par la recherche de
formes nouvelles, et par le recours à l'imitation
des Anciens, dans laquelle on voit une possibilité d'intégrer des
formes nobles délaissées par le Moyen Age et d'enrichir le
vocabulaire, ainsi que la pensée.
Ainsi, on voit se développer de nouvelles formes littéraires, comme
le sonnet en poésie, hérité du poète italien Pétrarque, teintées
cependant d’une influence antique, dans les thèmes ou la pensée.
Les poèmes de Ronsard, par exemple, traitent de thèmes épicuriens,
dignes du fameux carpe
diem
(« Profite du jour présent ») du poète latin Horace, en
empruntant à la fois le langage fleuri et amoureux commun à
Pétrarque ou aux poètes lyriques médiévaux et des formes modernes
telles que le sonnet.C’est ainsi que dans le sonnet « Comme
on voit sur la branche au mois de mai la rose… » extrait du
Second
livre des Amours,
Ronsard, sous couvert de célébrer une femme aimée et trop tôt
disparue, traite du thème épicurien de la rapidité de la vie, du
cycle de vie et de mort. Nous allons donc voir comment Ronsard, en
célébrant une femme aimée, rend compte du caractère éphémère
de la vie.
Dans
un premier temps, nous évoquerons l’image de la femme, comparée à
une rose, en ce qu’elle est éphémère, ce qui nous conduira à
étudier la réflexion sur la vie et la mort que mène le poète ;
enfin, nous nous demanderons si le poète, par l’écriture, ne
cherche pas à immortaliser son amour et cette femme aimée.
Tout d’abord, nous voyons que
le poète évoque une femme aimée, trop tôt disparue, qu’il
compare à une rose, à la fois en ce qu’elle est belle et
éphémère. Le poème file une comparaison entre la femme et la
rose. Cela est visible tout d’abord par la structure même du
sonnet. En effet, un sonnet traditionnel doit observer une rupture
sémantique entre les quatrains et les tercets. Ici, nous observons
que les quatrains sont consacrés au comparant et les tercets au
comparé, grâce à la structure binaire explicite « Comme… »,
vers 1, « Ainsi… », vers 9. Ensuite, nous voyons que la
rose a bien des points communs avec une jeune fille : sans être
totalement personnifiée, elle est caractérisée par un vocabulaire
plutôt réservé à un être humain : « jeunesse »,
au vers 2, « grâce » et « amour », au vers
5, « languissante » et « elle meurt » au vers
8. Ces mêmes éléments caractérisent la femme aimée :
l'expression« en
ta première et jeune nouveauté » au
vers 9, et
les mots « beauté »,
au vers
10et
« t’as tuée », vers 12, par exemple , rapprochent
ainsi encore le comparant et le comparé. La femme est la rose.
Ce qui, en premier lieu, est remarquable chez cette femme, comme chez
la rose, c’est sa beauté. En effet, ce poème d’amour se
présente évidemment comme un éloge à la femme aimée. La
comparaison à la rose, tout d’abord, est laudative, en ce qu’elle
connote la beauté, mais aussi par sa mise en valeur : le terme
« rose » est mis en attente à la fin du premier vers,
répété à la rime dans « arrose », repris à la rime
du dernier vers. Cela montre bien son importance, la considération
que le poète a pour elle. On trouve pour l’éloge de la femme,
mêlé à l’évocation de la rose, un champ lexical mélioratif :
. On remarque que la rose ou la femme sont objets de l’admiration,
d’abord de son entourage, à qui elles prodiguent leur aura
bienfaisante : objet exclusif du regard au vers 1 :
« Comme on voit… la rose » : on note l’emploi de
l’indéfini qui prouve l’attrait universel que « la »
rose provoque, elle-même déterminée par un article défini, qui
l’isole, la promeut, elle prodigue sa grâce et protège l’amour
aux vers 5-6. On note ici une certaine sensualité, évoquée par la
convocation des sens de la vue et de l’odorat, celui-ci mis
d’autant plus en valeur par l’encadrement du vers 6 par les
termes « embaumant » et « odeur ». La
femme comme la rose bénéficient aussi d’une aura qui s’étend à
l’univers entier : le « ciel », vers 2, est
personnifié, éprouvant des sentiments humains, « jaloux »
; « l’Aube », vers 3, dont la majuscule semble
indiquer que l’on fait référence à la déesse
qu
'Homère désigne comme étant « l’Aurore aux doigts de
roses », semble être au service de la rose ; enfin, au
vers 10, « la Terre et le Ciel », diptyque qui nous
montre cette aura universelle, sont eux aussi en position
d’infériorité, surpassés par la beauté de la femme puisqu'ils
« honor[ent] » sa « beauté ». Ainsi, le
poète célèbre la beauté de la femme, qui touche non seulement son
entourage (vers 6), mais l’univers entier.
Il manque ici un alinéa Cette beauté est intimement liée à la jeunesse de la femme aimée
Dès le premier vers, au sein de la comparaison avec la rose, est
évoqué le « mois de mai », qui connote à la fois la
nouveauté, avec le renouveau du printemps, et l’amour. De même, à
deux reprises, la jeunesse et la beauté sont intimement liées :
au vers 2, elles sont associées par l’épithète « belle
jeunesse » ; aux vers 9-10, elles le sont encore, à la
rime « nouveauté » / « beauté ». Le thème
de la jeunesse, ailleurs exprimé par un champ lexical assez
redondant est aussi lié à la vitalité : « première
fleur », au vers 2, rime avec « vive couleur ».
Mais on remarque surtout que la jeunesse possède un caractère
éphémère : deux fois, le poète répète l’adjectif ordinal
« premier » aux vers 2 et 9, toujours associé à cette
jeunesse, la fixant comme un instantané. La jeunesse semble donc
être une caractéristique qui condense en elle le destin de la
femme, belle et trop tôt disparue, et la pensée du poète, rivée
sur ce constant du caractère éphémère de la vie. Dans ce sonnet,
le poète semble donc vouloir faire l’éloge de l’être aimé,
dont il exalte la beauté fragile et éphémère, à peine née et
aussitôt ravie.
En effet, on remarque qu’à ce thème de l’amour perdu se joint
une réflexion sur la brièveté tragique de la vie. La composition
du sonnet, le choix même de cette forme brève, semble propice à
rendre compte de la brièveté de la vie et à décrire ce passage
rapide de la vie à la mort. On note la même composition dans les
deux quatrains et le premier tercet : les deux quatrains
décrivent d’abord la vie de la rose et réservent les deux
derniers vers à sa mort ; le premier tercet consacre deux vers
à la vie de la femme et un vers à sa mort. Dans le tercet
particulièrement, le passage de la vie à la mort est très rapide :
la vie est évoquée dans une proposition temporelle, à l’imparfait,
qui a une valeur durative, avant d’être interrompue et presque
reléguée au second plan, par la mort évoquée au passé composé
dans la principale. Dans les quatrains, on garde le présent à la
fois général et narratif pour la vie et la mort, ce qui donne
l’impression que la mort fait déjà son œuvre au sein même de la
vie. Vie et mort sont intimement liées.
En effet, tout au long du poème, alors même qu’il décrit la vie,
la mort pèse déjà sur la rose ou la femme, révélant l’aspect
tragique de la vie. Là encore, la composition du poème est
révélatrice : il alterne deux vers sur la vie et deux vers sur
la mort. Les vers 1 et 2 évoquent l’apparition de la rose, de la
vie, tandis que les vers 3 et 4 montrent déjà une menace sur cette
vie : le « ciel » est « jaloux », et à
la césure du vers suivant, comme « jaloux » l’était
au vers 3, on trouve les « pleurs » de l’Aube.
C’est-à-dire qu’au moment même où la rose est à son apogée,
on a déjà des signes de mort. Dans les vers 7 et 8, l’évocation
de la mort est explicite, s’opposant aux vers 5 et 6 ; là
encore, la rose est en proie aux éléments de l’univers, l’eau
et la pluie, cernée entre ces deux forces opposées, avec une
violence certaine car « la rose » est « battue »ou
par la pluie ou par une « ardeur excessive ».
Ainsi, dès sa naissance, au sein même de sa jeunesse, la rose –
la femme – étaient menacées par la mort.
Ronsard va même encore plus loin : la vie n’est pas seulement
menacée, jalousée, elle est condamnée. Vivant, on est déjà mort.
Même dans les vers chantant la vie, on note déjà des signes de
mort. Au vers 5, est employé le verbe « repose », répété
à la rime au vers 11, cette fois-ci, bien dans le sens de mort ;
de même, on peut penser à une syllepse au vers 6, pour
« embaumant ». Enfin, de manière explicite, la
figure mythique du destin, la Parque, montre qu’à tout moment, la
mort peut frapper, que notre vie est sans cesse aux mains de ce
destin qui choisit quand il veut d’en couper le fil : l’acte
de mort est un acte d’agression décidé clairement exprimé au
vers 11 «la Parque t’a tuée »,. Ainsi Ronsard met
bien en œuvre dans ce poème la pensée épicurienne de la mort déjà
présente dans la vie. Au-delà du regret de l’être aimé trop tôt
disparu, Ronsard montre que la vie en général est brève et menacée
par la mort, que ce soit « feuille à feuille » ou
brutalement.
Il manque ici un alinéa
Cependant, le poème ne se termine pas sur ce seul constat assez
noir, mais propose une issue, par le chant poétique. En effet, ce
poème est avant tout un poème d’amour. Alors même qu’il dit
la mort de la femme, il est un moyen d’encore s’adresser à elle,
et de lui dire, de vivre encore, son amour. Registre dominant, le
lyrisme apparaît d’abord à travers les images. La comparaison
avec la rose, chargée des connotations décrites plus haut, renvoie
à la tradition bucolique, attachée au lyrisme. Aux images et aux
connotations, s’ajoutent les sonorités et le rythme, qui font du
poème un chant, qui rend compte, au-delà des mots, par les
sensations, de l’amour exprimé : des allitérations en [m] du
vers 1, la répétition des sonorités en [ar] dans le rythme binaire
au vers 6, les rythmes binaires des vers 2, 5, 9 et 10, rendent
compte de la douceur et de l’harmonie de cet amour. Enfin, le
lyrisme permet un nouvel échange, à la fois intérieur et proclamé,
entre le « je » et le « tu », ainsi que nous
le voyons dans les deux tercets. Ainsi, le chant poétique est le
moyen de célébrer l’amour.
Par là même, il tend à immortaliser l’amour et l’être aimé.
La comparaison avec la rose, avec les connotations que nous avons
décrites plus haut, permet aussi d’immortaliser cet amour. En
effet, on voit que le poème ne débute pas par un « je »,
mais par un « on », à valeur générale, étendant la
vision du poète à une vision plus générale : ainsi, au-delà
d’une figure imaginaire, la rose devient le symbole de la nature
qui, aux yeux du poète, rend hommage à la femme aimée. L’amour
et la femme sont inscrits dans la nature. Le poète procède aussi à
une déification de la femme, par le recours à des images fortes,
dans lesquelles elle est en contact direct avec les éléments,
eux-mêmes déifiés : « le ciel », « l’Aube »,
« la Terre et le Ciel ». Enfin, on voit que les
« obsèques », dans le dernier quatrain, se transforment,
d’hommage terrestre et traditionnel avec « reçois mes larmes
et mes pleurs », en cérémonie sacrificatoire : le « vase
plein de lait » fait référence à une offrande antique. Mais
en fait, cette offrande est le poème. En effet, l’emploi du
démonstratif, vers 13, troqué contre le possessif du vers 12, « Ce
vase de lait, ce panier plein de fleurs », est un déictique,
il réfère à la situation d’énonciation du poète. Or, ce qu’il
offre ici à la femme, c’est son poème. On note à la rime la
métamorphose des « pleurs », image du lyrisme, en
« fleurs ». Le dernier vers, enfin, associe la vie à la
mort, les assimile, par l’emploi de la conjonction « et »,
les fond en cette image reprise de tout le poème : « roses ».
La femme va trouver une nouvelle existence, une immortalité, dans la
célébration du poète.
Mais
enfin, par cette reprise en fin de poème du mot rose, nous allons
voir que c’est peut-être justement autant la femme que la poésie
qui est célébrée. La femme est comparée dans toute la première
partie du poème à la rose, nous l’avons vu. Mais à la fin, ce
n’est plus aussi sûr, et ce terme de « rose » prend
peut-être trop d’importance dans le poème pour que ne l’étudiions
pas. En effet, le terme « rose » est mis en attente
à la fin du premier vers, répété à la rime dans « arrose »,
repris à la rime du dernier vers, en sorte qu’en plus, tout le
poème résonne de cette même rime, tous les trois vers, de manière
d’autant plus insistante qu’elle est transgressive : le
sonnet doit se composer de quatre rimes différentes, or ici, aussi
bien dans les tercets que dans les quatrains on a cette rime en
[ose]. La rose semble prendre toute la place dans le poème, et
notamment à la fin, où ce n’est plus la rose qui sert de
comparant à la femme, mais où la femme se transforme en roses ;
et nous avons vu que les « roses » du dernier vers, ainsi
que les fleurs du vers précédent, étaient la métaphore de la
poésie. Ainsi, la femme se métamorphose en poésie, est devenue le
prétexte à la poésie, un support.
Ainsi, nous voyons que le poète cherche à transcender la mort par
l’accession à une immortalité, pour l’être aimé et pour
lui-même, qui par la mort prématurée de l’être aimé a pris
conscience de la brièveté de la vie, par la poésie.
Pour conclure, nous voyons qu’à travers le regret de l’être
aimé, le poète propose une réflexion sur la brièveté de la vie,
sans cesse menacée par la mort. Cependant, ce poème semble avoir
une vision plus sombre que d’autres, du premier recueil des Amours,
comme « Mignonne… » ou « Quand vous serez bien
vieille… », où il propose, en réaction à la vieillesse et
à la mort imminentes, de profiter de sa jeunesse. Dans « Comme
on voit sur la branche… », rien de tel : la mort a
frappé en pleine jeunesse, il n’est pas question de pouvoir
profiter de quoi que ce soit, le temps n’en a pas été donné. Il
propose donc une autre vision, commune à d’autres poètes de son
temps, et de plus tard encore après : celle de l’immortalité,
qu’offre la poésie par sa transmission à la postérité. Force
nous est de reconnaître que le pari est pour l’instant gagné !
Ainsi, dans ce poème, on se trouve à mi-chemin entre épicurisme et
baroque : la vie est brève, et la mort rôde sans cesse, est
dans la vie, et non pas seulement à la fin de la vie. Mais surtout,
on est dans une vision qui n’est pas forcément vraiment éloignée
d’une vision plus moderne de la poésie, telle qu’on la trouve
par exemple chez Baudelaire dans ses poèmes à telle ou telle femme
aimée, de la poésie qui serait révélation d’un au-delà de la
vie, qui serait en elle-même la quête du poète, au-delà de
l’objet chanté, lui-même seulement prétexte à poésie.
Ne vous inquiétez pas, on ne vous demandera pas de faire un commentaire aussi long et complet mais il peut vous servir de modèle et vous inspirer quand vous en aurez besoin.
Mais revenons aux différents principes qui vont nous permettre de parvenir à un résultat approchant.
2- La méthode du commentaire pour les séries générales (sur 16 points)
Il met en œuvre
trois qualités :
- une analyse détaillée ( des mots, des idées)
-un travail de synthèse, ( rendre compte de l’essentiel car on ne
peut tout dire et regrouper les idées.)
- un souci d’écriture ( écrire dans un français correct, sans
erreur de syntaxe)
A) LE TRAVAIL
D’ANALYSE
L’analyse
permet d’interpréter un texte
grâce à l’utilisation d’instruments
d’analyse (les procédés.
La
démarche du commentaire nécessite donc la connaissance
d’instruments d’analyse qui permettent d’observer le texte, d’y
faire des repérages qui, organisés et classés, conduisent, par
l’analyse, à une interprétation. Celle-ci permettra au cours du
travail de synthèse d’élaborer la structure = le plan du
commentaire.
•
Dix instruments d’analyse pour interroger un texte :
On
appelle instruments d’analyse les différents procédés qui
permettent d’observer un texte. Leur ordre n’a rien d’imposé,
beaucoup de procédés se recoupent et se combinent :
1-
La mise en page :
disposition du texte dans la page, choix d’une typographie
(majuscules, italiques)
2-
La ponctuation
3-
Le thème du texte : de quoi parle le texte
4-
L’énonciation :
qui parle ? à qui ? qui pense ? ( utilisation des
pronoms)
5-
Les procédés grammaticaux:
-longueur et
structure des phrases /- verbes: fréquence, phrases nominales, trois
sortes de verbes, modes et temps /- négations /- déterminants /-
valeurs particulières du singulier et du pluriel /- adverbes
6-
Les procédés lexicaux:
-
champ lexical
- vocabulaire appréciatif et dépréciatif ( essentiel pour comprendre le point de vue de l'écrivain)
- niveaux de langage : familier, courant ou soutenu.
- dénotation ( sens propre ou figuré) / et la connotation : ce à quoi le mot fait penser.
7-
Les procédés musicaux:
-rythme
(binaire-ternaire, ascendant-descendant) /- sonorités:
allitération-assonance, paronomase
8-
Les figures de style:
- d’opposition : antithèse, chiasme, oxymore
- d’insistance:
répétition, anaphore, pléonasme, redondance, périphrase,
hyperbole, accumulation, gradation, inversion
- d’atténuation:
euphémisme, litote, ellipse
- d’animation:
comparaison, métaphore, métonymie, synecdoque, allégorie,
personnification, prosopopée, parallélisme
9- La participation des cinq sens : vue (vision),ouïe (auditif), odorat (olfactif), toucher (tactile), goût (gustatif)
9- La participation des cinq sens : vue (vision),ouïe (auditif), odorat (olfactif), toucher (tactile), goût (gustatif)
10-
La tonalité ou registre du texte : liée
soit à une catégorie esthétique
(selon les genres littéraires): comique, satirique, tragique,
épique, lyrique, réaliste, fantastique, pathétique, historique,
poétique, soit à une catégorie
stylistique (variation sur les styles):
fantaisiste, symbolique, onirique, mythique, parodique, humoristique,
ironique.
A
ces instruments d’analyse utilisables pour l’ensemble des textes
littéraires, il faut ajouter des instruments d’analyse adaptés
aux principaux types d’écriture de textes:
- récit (énonciation/statut du narrateur/ rôle des personnages / temps de la narration), description (insertion dans le récit/ fonction), argumentation,
- théâtre ( registre : comique, tragique / type de scène : monologue, tirade, didascalies,/ distribution de la parole)
- poésie (rapport versification-syntaxe/sonorités : allitérations et assonances/figures de style)
B)
LE TRAVAIL DE SYNTHESE
• Élaborer un
plan
Schéma
du plan : introduction, développement organisé en deux ou trois
“grandes parties” - chacune étant composée d’au-moins deux
sous-parties -, conclusion. Les “grandes parties”sont construites
selon un projet démonstratif ( argumentatif) dont la continuité est
assurée par les transitions.
B- titre de la sous-partie
(C- titre de la sous-partie)
transition
II- Titre de la partie
I- Titre de la partie
A- titre de la sous-partieB- titre de la sous-partie
(C- titre de la sous-partie)
transition
II- Titre de la partie
A- titre de la sous-partie
B- titre de la sous-partie
(C- titre de la sous-partie)
transition
(III- Titre de la partie
(III- Titre de la partie
A- titre de la sous-partie
B- titre de la sous-partie)
(C- titre de la sous-partie)
NB : le plan en 3 parties est de moins en moins attendu même s'il est parfois indispensable. Cela dépend des textes et de la manière dont on présente les idées.
•
Élaborer une « grande partie ».
Une
“grande partie” s’applique à l’ensemble du texte et ne
sépare pas le fond (les idées ) de la forme (manière d’exprimer
ces idées). Du moins en théorie.
Chaque
instrument d’analyse produit des données que l’on interprète.
Le travail de synthèse consiste à regrouper ces diverses
interprétations vers une idée centrale. Ce regroupement des
données se réalise en sous-parties selon une organisation logique
propre à chaque “grande partie”.
A
l’intérieur d’une grande partie, on classe les sous-parties
selon une progression qui ménage l’intérêt et la curiosité du
lecteur; chacune correspond à un paragraphe.
•
Trouver les axes des grandes parties :
- grande partie axée autour
d’un thème ou d’une image (
repérés grâce à l’analyse des champs lexicaux et du vocabulaire
dominant )
- grande partie axée autour
du renouvellement d’un thème traditionnel
- grande partie axée
autour de la transfiguration du thème
par l’écriture
- grande partie axée autour
de l’évocation d’un sentiment
éprouvé par l’auteur, le narrateur,
un personnage ou le lecteur grâce à l’analyse d’un vocabulaire
de l’affectivité et l’importance de la ponctuation.
- grande partie axée autour
de la mise en corrélation ( mise en relation) de deux notions,
dans le but de montrer soit leur union, soit leur opposition (chacune
d’elles ne peut pas constituer une grande partie de commentaire :
celle-ci se construit à partir de l’étude de leur comparaison : parallélisme ou opposition...)
- grande partie axée
autour d’un mode d’expression
( ex. le conte, le chant, la confidence, l’hymne, l’anecdote, le
dialogue théâtral dans un texte romanesque ) par l’analyse des
procédés d’écriture et d’énonciation.
- grande partie axée autour
d’une tonalité esthétique ou stylistique
définie par l’analyse des procédés d’écriture.
- s’il s’agit d’un
récit : le
rythme et la progression du récit ; le mode de présentation des
faits ; le rôle du point de vue ;
- s’il s’agit d’une
description ou d’un portrait : le
mode de caractérisation des personnages ; les contrastes ; le
caractère élogieux ou dépréciatif ; la fonction de la description
ou du portrait ;
*
Cas particulier du commentaire d’un texte parodique :
un
texte parodique est un texte qui emprunte le fond ou la forme d’un
type de texte connu, pour les tourner en dérision.
•
La dynamique du plan
Certains libellés de sujet suggèrent un ordre de présentation
logique. Mais il faut toujours suivre l’un des trois principes
suivants :
aller
du plus simple au plus complexe
aller
du plus évident au plus subtil ou implicite
aller
du plus commun au plus surprenant
• ATTENTION :
- le commentaire
allusif /- l’avalanche de citations non expliquées /- un habile
montage de citations /- la paraphrase du texte ( raconter le texte moins bien que l'auteur)
• Il
faut :
- expliquer le sens du texte ( le fond, le quoi) tout en analysant les procédés (la forme, le comment)
- expliquer le sens du texte ( le fond, le quoi) tout en analysant les procédés (la forme, le comment)
- souligner les titres d’œuvres ( théâtre et romans)
- Poésie : mettre les titres de poèmes entre guillemets et souligner le
titre des recueils
- mettre des majuscules aux titres et aux noms
propres
- ne pas nommer l'auteur par son seul prénom (vous ne le connaissez pas intimement)
3- Faire une introduction de commentaire
Elle comporte 5 parties mais qui seront présentées en 2 paragraphes
1er § marqué par un alinéa
1- Présentation de l'auteur ( qqs éléments biographiques surtout s'ils sont en relation avec le texte ou l'oeuvre),son époque, son mouvement littéraire.(ex : Maupassant est un écrivain réaliste de la fin du XIX ème siècle), les dates de naissance et de mort ne sont pas obligatoires.
2- Présentation de l'oeuvre d'où est tiré le texte ( partie svt négligée par les élèves)
3- Présentation de l'extrait étudié
4- Enoncé de la problématique
2nd§ signalé par un alinéa
5- Annonce du plan choisi :
attention à cette annonce de plan qui pose pb à bcp d'élèves sur le plan de la syntaxe et qui montre au correcteur d'emblée que vous ne savez pas parler français !
Il faut être très attentif à ne pas mélanger l'interrogation directe ( avec inversion du sujet et du verbe) et l'interrogation indirecte ( sans inversion)
ex : 2 formulations possibles d'une même problématique :
interrogation directe : En quoi ce poème de Ronsard montre-t-il une influence du Pétrarquisme?
interrogation indirecte : Nous nous demanderons en quoi ce poème de Ronsard montre une influence du Pétrarquisme.
4- Rédiger un paragraphe de commentaire composé
attention à cette annonce de plan qui pose pb à bcp d'élèves sur le plan de la syntaxe et qui montre au correcteur d'emblée que vous ne savez pas parler français !
Il faut être très attentif à ne pas mélanger l'interrogation directe ( avec inversion du sujet et du verbe) et l'interrogation indirecte ( sans inversion)
ex : 2 formulations possibles d'une même problématique :
interrogation directe : En quoi ce poème de Ronsard montre-t-il une influence du Pétrarquisme?
interrogation indirecte : Nous nous demanderons en quoi ce poème de Ronsard montre une influence du Pétrarquisme.
4- Rédiger un paragraphe de commentaire composé
Entre [crochets] : ce qui ne doit pas apparaître dans votre rédaction, mais que je signale pour bien vous montrer les diverses étapes d’un commentaire.
En
BLEU : la
rédaction. Les arguments
En
VERT : les exemples.
En
ROUGE : les
procédés.
[Intro
générale]
Aux
XVe
et XVIe
siècle, une des grandes préoccupations des poètes est de valoriser
et glorifier la langue française, à la fois par la recherche de
formes nouvelles, et par le recours à l'imitation
des Anciens, dans laquelle on voit une possibilité d'intégrer des
formes nobles délaissées par le Moyen Age et d'enrichir le
vocabulaire, ainsi que la pensée.
Ainsi, on voit se développer de nouvelles formes littéraires, comme
le sonnet en poésie, hérité du poète italien Pétrarque, teintées
cependant d’une influence antique, dans les thèmes ou la pensée.
[Intro
auteur et œuvre]
Les poèmes de Ronsard, par exemple, traitent de thèmes épicuriens,
dignes du fameux carpe
diem
(« Profite du jour présent ») du poète latin Horace, en
empruntant à la fois le langage fleuri et amoureux commun à
Pétrarque ou aux poètes lyriques médiévaux et des formes modernes
telles que le sonnet.
[Présentation
texte à étudier]
C’est ainsi que dans le sonnet « Comme on voit sur la
branche au mois de mai la rose… » extrait du Second
livre des Amours,
Ronsard, sous couvert de célébrer une femme aimée et trop tôt
disparue, traite du thème épicurien de la rapidité de la vie, du
cycle de vie et de mort. [Problématique]
Comment Ronsard, en célébrant une femme aimée, rend -il compte du
caractère éphémère de la vie ?
[Plan]
Dans un premier temps, nous évoquerons l’image de la femme,
comparée à une rose, en ce qu’elle est éphémère, ce qui nous
conduira à étudier la réflexion sur la vie et la mort que mène le
poète ; enfin, nous nous demanderons si le poète, par
l’écriture, ne cherche pas à immortaliser son amour et cette
femme aimée.
Tout
d’abord, nous voyons que
le poète évoque une femme aimée, trop tôt disparue, qu’il
compare à une rose, à la fois en ce qu’elle est belle et
éphémère. [Phrase
introductive paragraphe I1] Le
poème file une comparaison entre la femme et la rose. [Analyse et
interprétation des procédés] Cela est visible tout
d’abord par la
structure même du sonnet. En effet, un sonnet traditionnel doit
observer une rupture sémantique entre les quatrains et les tercets.
Ici, nous observons que les quatrains sont consacrés au comparant et
les tercets au comparé, grâce à la structure binaire explicite
« Comme… », vers 1, « Ainsi… », vers 9.
Ensuite, nous voyons que
la rose a bien des points communs avec une jeune fille :
sans être totalement personnifiée,
elle est caractérisée par un vocabulaire plutôt réservé à un
être humain :
« jeunesse », au vers 2,
« grâce » et « amour », au vers 5,
« languissante » et « elle meurt » au vers 8.
Ces mêmes éléments
caractérisent la femme aimée :
l'expression « en ta première et jeune nouveauté » au
vers 9, « beauté » au vers 10 ou « t’as tuée »
au vers 12, par exemple,
rapprochant ainsi encore le comparant et le comparé.
[Phrase conclusive paragraphe I1]
La femme est la rose.
[Phrase
introductive paragraphe I2] Ce qui, en
premier lieu, est remarquable chez cette femme, comme chez la rose,
c’est sa beauté. En effet, ce poème d’amour se présente
évidemment comme un éloge à la femme aimée.
[Analyse et interprétation des procédés]
La comparaison à la rose, tout d’abord,
est laudative, en ce qu’elle
connote la beauté, mais aussi par sa
mise en valeur : le terme « rose »
est mis en attente à la fin du premier
vers, répété à la rime dans « « arrose »,
repris à la rime du dernier vers.
Cela montre bien son importance, la considération que le poète a
pour elle. On trouve pour l’éloge
de la femme, mêlé à l’évocation de la
rose, un champ lexical mélioratif.
On remarque que la rose (la femme) est objet de l’admiration,
d’abord de son entourage, à qui elles prodiguent leur aura
bienfaisante : objet exclusif du regard au
vers 1 (« Comme on voit… la rose ») :
on note l’emploi de l’indéfini qui
prouve l’attrait universel que « la » rose provoque,
elle-même déterminée par un
article défini,
qui l’isole, la promeut, elle prodigue
sa grâce et protège l’amour aux vers
5-6. On
note ici une certaine sensualité, évoquée par la convocation
des sens de la vue et de l’odorat,
celui-ci mis d’autant plus en valeur
par l’encadrement du vers 6
par les termes « embaumant » et « odeur ».
La femme comme la rose bénéficient aussi d’une aura qui s’étend
à l’univers entier :
le « ciel », vers 2,
est personnifié,
éprouvant des sentiments humains,
« jaloux » ; « l’Aube », vers 3,
dont la majuscule semble indiquer que l’on fait référence à la
déesse (« l’Aurore aux doigts de roses », nous dit
Homère), semble être au service de la rose ; enfin, au
vers 10, « la Terre et le Ciel »,
diptyque qui nous montre cette aura universelle, sont eux aussi en
position d’infériorité, surpassés par la beauté de la femme
(« honoraient ta beauté »).
[Phrase conclusive paragraphe I2] Ainsi,
le poète célèbre la beauté de la femme, qui touche non seulement
son entourage (vers 6),
mais l’univers entier.
[Phrase
introductive paragraphe I3] Cette beauté
est intimement liée à la jeunesse de la femme aimée. [Analyse
et interprétation des procédés] Dès
le premier vers, au sein de la comparaison avec la rose, est évoqué
le « mois de mai »,
qui connote à
la fois la nouveauté, avec le renouveau du printemps, et l’amour.
De même, à deux reprises, la jeunesse et la beauté sont intimement
liées : au vers 2,
elles sont
associées par l’épithète « belle
jeunesse » ; aux vers 9-10,
elles le sont encore, à
la rime (« nouveauté »
/ « beauté »). Le
thème de la jeunesse, ailleurs exprimé par le champ
lexical assez redondant (…),
est aussi lié à la vitalité :
« première fleur », au vers 2,
rime avec « vive
couleur ».
Mais on remarque surtout que la jeunesse possède un caractère
éphémère : deux fois, le poète
répète l’adjectif ordinal « premier » (vers
2 et 9), toujours
associé à cette jeunesse, la fixant comme un instantané.
[Phrase conclusive paragraphe I3] La
jeunesse semble donc être une caractéristique qui condense en elle
le destin de la femme, belle et trop tôt disparue, et la pensée du
poète, rivée sur ce constant du caractère éphémère de la vie.
[Mini-conclu
de partie I] Dans ce sonnet, le poète
semble donc vouloir faire l’éloge de l’être aimé, dont il
exalte la beauté fragile et éphémère, à peine née et aussitôt
ravie.
[Mini-intro
de partie II] En effet, on remarque qu’à
ce thème de l’amour perdu se joint une réflexion sur la brièveté
tragique de la vie.[Phrase introductive
paragraphe II1] La composition du
sonnet, le choix même de cette forme
brève, semble propice à rendre
compte de la brièveté de la vie et à décrire ce passage rapide de
la vie à la mort. [Analyse et
interprétation des procédés] On note
la même composition dans les deux
quatrains et le premier tercet :
les deux quatrains décrivent d’abord
la vie de la rose et réservent les deux derniers vers à sa mort ;
le premier tercet consacre
deux vers à la vie de la femme et un vers à sa mort.
Dans le tercet particulièrement,
le passage de la vie à la mort est très rapide : la vie est
évoquée dans une proposition
temporelle, à l’imparfait, qui a une valeur durative,
avant d’être interrompue et presque
reléguée au second plan, par la mort
évoquée au passé composé dans la principale.
Dans les quatrains, on garde le présent
à la fois général et narratif pour la vie et la mort,
ce qui donne l’impression que la mort
fait déjà son œuvre au sein même de la vie. [Phrase
conclusive paragraphe II1] Vie et mort
sont intimement liées.
[Phrase
introductive paragraphe II2] En effet,
tout au long du poème, alors même qu’il décrit la vie, la mort
pèse déjà sur la rose ou la femme, révélant l’aspect tragique
de la vie. [Analyse et interprétation
des procédés] Là encore, la
composition du poème est révélatrice :
il alterne deux vers sur la vie et deux
vers sur la mort. Les vers 1 et 2 évoquent
l’apparition de la rose, de la vie,
tandis que les vers 3 et 4 montrent déjà
une menace sur cette vie :
le « ciel » est « jaloux »,
et à la
césure du vers
suivant, comme « jaloux » l’était au vers 3,
on trouve les « pleurs » de
l’Aube. C’est-à-dire
qu’au moment même où la rose est à son apogée, on a déjà des
signes de mort. Dans les vers 7 et 8,
l’évocation de la mort est explicite, s’opposant aux
vers 5 et 6 ; là encore, la rose est en proie aux éléments de
l’univers, l’eau et la pluie, cernée entre ces deux forces
opposées, avec une violence certaine
comme dans les termes « battue » ou « excessive ».
[Phrase conclusive paragraphe II2] Ainsi,
dès sa naissance, au sein même de sa jeunesse, la rose – la femme
– étaient menacées par la mort.
[Phrase
introductive paragraphe II3] Ronsard va
même encore plus loin : la vie n’est pas seulement menacée,
jalousée, elle est condamnée. Vivant, on est déjà mort.
[Analyse et interprétation des procédés]
Même dans les vers chantant la vie, on a déjà des signes de mort.
Au vers 5, est employé le verbe
« repose », répété à la rime au vers 11,
cette fois-ci, bien dans le sens de mort ; de même, on peut
penser à une syllepse au
vers 6, pour « embaumant ». Enfin, de manière
explicite, la figure
mythique du destin, la Parque, au vers
11, montre
qu’à tout moment, la mort peut frapper, que notre vie est sans
cesse aux mains de ce destin qui choisit quand il veut d’en couper
le fil : l’acte de mort est un acte d’agression
(« t’a tuée »), décidé.
[Phrase conclusive paragraphe II3] Ainsi
Ronsard met bien en œuvre dans ce poème la pensée épicurienne de
la mort déjà présente dans la vie.
[Mini-conclu
de partie II] Au-delà de regretter
l’être aimé trop tôt disparu, Ronsard montre que la vie en
général est brève et menacée par la mort, que ce soit « feuille
à feuille » ou brutalement.
[Mini-intro
de partie III]
Cependant, le poème ne se termine pas sur ce seul constat assez
noir, mais propose une issue, par le chant poétique.
[Phrase
introductive paragraphe III1] En effet,
ce poème est avant tout un poème d’amour.
[Analyse et interprétation des procédés] Alors
même qu’il dit la mort de la femme, il est un moyen d’encore
s’adresser à elle, et de lui dire, de vivre encore, son amour.
Registre dominant, le lyrisme apparaît
d’abord à travers les images :
la comparaison avec
la rose, avec les connotations
que nous avons décrites plus haut, réfère à
la tradition bucolique, attachée au lyrisme. Aux images et aux
connotations, s’ajoutent les sonorités
et le rythme, qui font du poème un
chant, qui rend compte, au-delà des mots, par les sensations, de
l’amour exprimé :
des allitérations en [m] du vers 1,
la répétition des sonorités en [ar] dans le rythme binaire au
vers 6, les
rythmes binaires des vers 2, 5, 9 et 10,
rendent compte de la douceur et de l’harmonie de cet amour. Enfin,
le lyrisme permet un nouvel échange, à
la fois intérieur et proclamé, entre le « je » et le
« tu », ainsi que nous le
voyons dans les deux tercets.
[Phrase conclusive paragraphe III1]
Ainsi, le chant poétique est le moyen de
célébrer l’amour.
[Phrase
introductive paragraphe III2] Par là
même, il tend à immortaliser l’amour et l’être aimé.
[Analyse et interprétation des procédés] La
comparaison avec la rose, avec les connotations que nous avons
décrites plus haut, permet
aussi d’immortaliser cet amour. En effet, on voit que le poème
ne débute pas par un « je », mais
par un « on », à valeur généralisante,
étendant la vision du poète à une vision plus générale :
ainsi, au-delà d’une figure imaginaire, la rose devient le
symbole de la
nature qui, aux yeux du poète, rend hommage à la femme aimée.
L’amour et la femme sont inscrits dans la nature. Le poète procède
aussi à une déification de
la femme, par le recours à des images
fortes, dans
lesquelles elle est en contact direct
avec les éléments, eux-mêmes déifiés :
« le ciel », « l’Aube », « la Terre
et le Ciel ».
Enfin, on voit que les « obsèques »,
dans le dernier quatrains, se
transforment, d’hommage terrestre et traditionnel (« reçois
mes larmes et mes pleurs »), en
cérémonie sacrificatoire : le
« vase plein de lait » fait
référence à une offrande antique. Mais en fait, cette offrande est
le poème. En effet, l’emploi du
démonstratif, vers
13, troqué contre le possessif du vers
12, « Ce vase de lait, ce panier plein de fleurs »,
est un déictique,
il réfère à la situation
d’énonciation du poète. Or, ce qu’il
offre ici à la femme, c’est son poème.
On note à la rime la métamorphose des « pleurs »
(image du lyrisme) en « fleurs ».
Le dernier vers,
enfin, associe la vie à la mort, les assimile,
par l’emploi de la conjonction « et »,
les fond en cette image
reprise de tout le poème : « roses ».
[Phrase conclusive paragraphe III2]
La femme va trouver une nouvelle existence, une immortalité, dans la
célébration du poète.
[Phrase
introductive paragraphe III3] Mais
enfin, par cette reprise en fin de poème du mot rose, nous allons
voir que c’est peut-être justement autant la femme que la poésie
qui est célébrée. [Analyse
et interprétation des procédés] La
femme est comparée dans
toute la première partie du poème à
la rose, nous l’avons vu. Mais
à la fin, ce
n’est plus aussi sûr, et ce terme de « rose » prend
peut-être trop d’importance dans le poème pour que ne l’étudiions
pas. En effet, le terme « rose » est
mis en attente à la fin du premier
vers, répété à la rime dans
« arrose », repris à la rime du dernier
vers, en
sorte qu’en plus, tout le poème résonne de cette même rime, tous
les trois vers, de manière d’autant plus insistante qu’elle est
transgressive (le sonnet doit se
composer de quatre rimes différentes, or ici, aussi bien dans les
tercets que dans les quatrains on a cette rime en [ose]). La rose
semble prendre toute la place dans le poème, et
notamment à la fin, où ce n’est plus
la rose qui sert de comparant à la femme, mais où la femme se
transforme en roses ; et nous avons vu que les
« roses » du dernier vers, ainsi que les fleurs du vers
précédent, étaient
la métaphore de la poésie.
[Phrase conclusive paragraphe III3]
Ainsi, la femme se métamorphose en poésie, est devenue le prétexte
à la poésie, un support.
[Mini-conclu
de partie III] Ainsi, nous voyons que le
poète cherche à transcender la mort par l’accession à une
immortalité, pour l’être aimé et pour lui-même, qui par la mort
prématurée de l’être aimé a pris conscience de la brièveté de
la vie, par la poésie.
[Conclusion :
récapitulation]
Pour conclure, nous voyons qu’à travers le regret de l’être
aimé, le poète propose une réflexion sur la brièveté de la vie,
sans cesse menacée par la mort. Cependant, ce poème semble avoir
une vision plus sombre que d’autres, du premier recueil des Amours,
comme « Mignonne… » ou « Quand vous serez bien
vieille… », où il propose, en réaction à la vieillesse et
à la mort imminentes, de profiter de sa jeunesse. Dans « Comme
on voit sur la branche… », rien de tel : la mort a
frappé en pleine jeunesse, il n’est pas question de pouvoir
profiter de quoi que ce soit, le temps n’en a pas été donné. Il
propose donc une autre vision, commune à d’autres poètes de son
temps, et de plus tard encore après : celle de l’immortalité,
qu’offre la poésie par sa transmission à la postérité. Force
nous est de reconnaître que le pari est pour l’instant gagné !
[Ouverture]
Ainsi, dans ce poème, on se trouve à
mi-chemin entre épicurisme et baroque : la vie est brève, et
la mort qui rôde sans cesse, est dans la vie, et non pas seulement
à la fin de la vie. Mais surtout, on est dans une vision qui n’est
pas forcément vraiment éloignée d’une vision plus moderne de la
poésie, telle qu’on la trouve par exemple chez Baudelaire dans ses
poèmes à telle ou telle femme aimée, de la poésie qui serait
révélation d’un au-delà de la vie, qui serait en elle-même la
quête du poète, au-delà de l’objet chanté, lui-même seulement
prétexte à poésie.
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