Le Commentaire composé

Comment se présente un commentaire composé?

Un commentaire est entièrement rédigé, sans titres. Beaucoup d'élèves se trompent car en histoire-géographie, les titres sont acceptés mais pas en français.

Un commentaire, pour être lisible, doit comporter des parties clairement identifiables à l’œil nu  : une introduction, un développement et une conclusion. Il est donc indispensable de commencer chaque partie par un alinéa ( retrait de 2 ou 3 carreaux par rapport à la marge) et de sauter une ou deux ligne (s) entre chaque partie du devoir.



1- Présentation d'un commentaire rédigé

Voilà à quoi ressemble un commentaire composé entièrement rédigé du poème de Ronsard "Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose" : 


Ronsard

Second livre des Amours

 Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au point du jour l'arrose ;

La grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur ;
Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté,
La Parque1
t'a tuée, et cendre tu reposes.

Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait2, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses.

 

1. Parque : déesse du destin, qui dévide et coupe le fil de la vie.



2. Lait : offrande antique.

Aux XVe et XVIe siècle, une des grandes préoccupations des poètes est de valoriser et glorifier la langue française, à la fois par la recherche de formes nouvelles, et par le recours à l'imitation des Anciens, dans laquelle on voit une possibilité d'intégrer des formes nobles délaissées par le Moyen Age et d'enrichir le vocabulaire, ainsi que la pensée. Ainsi, on voit se développer de nouvelles formes littéraires, comme le sonnet en poésie, hérité du poète italien Pétrarque, teintées cependant d’une influence antique, dans les thèmes ou la pensée. Les poèmes de Ronsard, par exemple, traitent de thèmes épicuriens, dignes du fameux carpe diem (« Profite du jour présent ») du poète latin Horace, en empruntant à la fois le langage fleuri et amoureux commun à Pétrarque ou aux poètes lyriques médiévaux et des formes modernes telles que le sonnet.C’est ainsi que dans le sonnet « Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose… » extrait du Second livre des Amours, Ronsard, sous couvert de célébrer une femme aimée et trop tôt disparue, traite du thème épicurien de la rapidité de la vie, du cycle de vie et de mort. Nous allons donc voir comment Ronsard, en célébrant une femme aimée, rend compte du caractère éphémère de la vie.
Dans un premier temps, nous évoquerons l’image de la femme, comparée à une rose, en ce qu’elle est éphémère, ce qui nous conduira à étudier la réflexion sur la vie et la mort que mène le poète ; enfin, nous nous demanderons si le poète, par l’écriture, ne cherche pas à immortaliser son amour et cette femme aimée.


Tout d’abord, nous voyons que le poète évoque une femme aimée, trop tôt disparue, qu’il compare à une rose, à la fois en ce qu’elle est belle et éphémère. Le poème file une comparaison entre la femme et la rose. Cela est visible tout d’abord par la structure même du sonnet. En effet, un sonnet traditionnel doit observer une rupture sémantique entre les quatrains et les tercets. Ici, nous observons que les quatrains sont consacrés au comparant et les tercets au comparé, grâce à la structure binaire explicite « Comme… », vers 1, « Ainsi… », vers 9. Ensuite, nous voyons que la rose a bien des points communs avec une jeune fille : sans être totalement personnifiée, elle est caractérisée par un vocabulaire plutôt réservé à un être humain : « jeunesse », au vers 2, « grâce » et « amour », au vers 5, « languissante » et « elle meurt » au vers 8. Ces mêmes éléments caractérisent la femme aimée : l'expression« en ta première et jeune nouveauté » au vers 9, et les mots « beauté », au vers 10et « t’as tuée », vers 12, par exemple , rapprochent ainsi encore le comparant et le comparé. La femme est la rose.
Ce qui, en premier lieu, est remarquable chez cette femme, comme chez la rose, c’est sa beauté. En effet, ce poème d’amour se présente évidemment comme un éloge à la femme aimée. La comparaison à la rose, tout d’abord, est laudative, en ce qu’elle connote la beauté, mais aussi par sa mise en valeur : le terme « rose » est mis en attente à la fin du premier vers, répété à la rime dans « arrose », repris à la rime du dernier vers. Cela montre bien son importance, la considération que le poète a pour elle. On trouve pour l’éloge de la femme, mêlé à l’évocation de la rose, un champ lexical mélioratif : . On remarque que la rose ou la femme sont objets de l’admiration, d’abord de son entourage, à qui elles prodiguent leur aura bienfaisante : objet exclusif du regard au vers 1 : « Comme on voit… la rose » : on note l’emploi de l’indéfini qui prouve l’attrait universel que « la » rose provoque, elle-même déterminée par un article défini, qui l’isole, la promeut, elle prodigue sa grâce et protège l’amour aux vers 5-6. On note ici une certaine sensualité, évoquée par la convocation des sens de la vue et de l’odorat, celui-ci mis d’autant plus en valeur par l’encadrement du vers 6 par les termes « embaumant » et « odeur ».  La femme comme la rose bénéficient aussi d’une aura qui s’étend à l’univers entier : le « ciel », vers 2, est personnifié, éprouvant des sentiments humains, « jaloux »  ; « l’Aube », vers 3, dont la majuscule semble indiquer que l’on fait référence à la déesse
qu 'Homère désigne comme étant « l’Aurore aux doigts de roses », semble être au service de la rose ; enfin, au vers 10, « la Terre et le Ciel », diptyque qui nous montre cette aura universelle, sont eux aussi en position d’infériorité, surpassés par la beauté de la femme puisqu'ils « honor[ent] » sa « beauté ». Ainsi, le poète célèbre la beauté de la femme, qui touche non seulement son entourage (vers 6), mais l’univers entier.
Il manque ici un alinéa Cette beauté est intimement liée à la jeunesse de la femme aimée Dès le premier vers, au sein de la comparaison avec la rose, est évoqué le « mois de mai », qui connote à la fois la nouveauté, avec le renouveau du printemps, et l’amour. De même, à deux reprises, la jeunesse et la beauté sont intimement liées : au vers 2, elles sont associées par l’épithète « belle jeunesse » ; aux vers 9-10, elles le sont encore, à la rime « nouveauté » / « beauté ». Le thème de la jeunesse, ailleurs exprimé par un champ lexical assez redondant est aussi lié à la vitalité : « première fleur », au vers 2, rime avec « vive couleur ». Mais on remarque surtout que la jeunesse possède un caractère éphémère : deux fois, le poète répète l’adjectif ordinal « premier » aux vers 2 et 9, toujours associé à cette jeunesse, la fixant comme un instantané. La jeunesse semble donc être une caractéristique qui condense en elle le destin de la femme, belle et trop tôt disparue, et la pensée du poète, rivée sur ce constant du caractère éphémère de la vie. Dans ce sonnet, le poète semble donc vouloir faire l’éloge de l’être aimé, dont il exalte la beauté fragile et éphémère, à peine née et aussitôt ravie.


En effet, on remarque qu’à ce thème de l’amour perdu se joint une réflexion sur la brièveté tragique de la vie. La composition du sonnet, le choix même de cette forme brève, semble propice à rendre compte de la brièveté de la vie et à décrire ce passage rapide de la vie à la mort. On note la même composition dans les deux quatrains et le premier tercet : les deux quatrains décrivent d’abord la vie de la rose et réservent les deux derniers vers à sa mort ; le premier tercet consacre deux vers à la vie de la femme et un vers à sa mort. Dans le tercet particulièrement, le passage de la vie à la mort est très rapide : la vie est évoquée dans une proposition temporelle, à l’imparfait, qui a une valeur durative, avant d’être interrompue et presque reléguée au second plan, par la mort évoquée au passé composé dans la principale. Dans les quatrains, on garde le présent à la fois général et narratif pour la vie et la mort, ce qui donne l’impression que la mort fait déjà son œuvre au sein même de la vie. Vie et mort sont intimement liées.
En effet, tout au long du poème, alors même qu’il décrit la vie, la mort pèse déjà sur la rose ou la femme, révélant l’aspect tragique de la vie. Là encore, la composition du poème est révélatrice : il alterne deux vers sur la vie et deux vers sur la mort. Les vers 1 et 2 évoquent l’apparition de la rose, de la vie, tandis que les vers 3 et 4 montrent déjà une menace sur cette vie : le « ciel » est « jaloux », et à la césure du vers suivant, comme « jaloux » l’était au vers 3, on trouve les « pleurs » de l’Aube. C’est-à-dire qu’au moment même où la rose est à son apogée, on a déjà des signes de mort. Dans les vers 7 et 8, l’évocation de la mort est explicite, s’opposant aux vers 5 et 6 ; là encore, la rose est en proie aux éléments de l’univers, l’eau et la pluie, cernée entre ces deux forces opposées, avec une violence certaine car « la rose » est « battue »ou par la pluie ou par une « ardeur  excessive ». Ainsi, dès sa naissance, au sein même de sa jeunesse, la rose – la femme – étaient menacées par la mort.
Ronsard va même encore plus loin : la vie n’est pas seulement menacée, jalousée, elle est condamnée. Vivant, on est déjà mort. Même dans les vers chantant la vie, on note déjà des signes de mort. Au vers 5, est employé le verbe « repose », répété à la rime au vers 11, cette fois-ci, bien dans le sens de mort ; de même, on peut penser à une syllepse au vers 6, pour « embaumant ». Enfin, de manière explicite,  la figure mythique du destin, la Parque, montre qu’à tout moment, la mort peut frapper, que notre vie est sans cesse aux mains de ce destin qui choisit quand il veut d’en couper le fil : l’acte de mort est un acte d’agression décidé clairement exprimé au vers 11 «la Parque t’a tuée »,. Ainsi Ronsard met bien en œuvre dans ce poème la pensée épicurienne de la mort déjà présente dans la vie. Au-delà du regret de l’être aimé trop tôt disparu, Ronsard montre que la vie en général est brève et menacée par la mort, que ce soit « feuille à feuille » ou brutalement.

 Il manque ici un alinéa
Cependant, le poème ne se termine pas sur ce seul constat assez noir, mais propose une issue, par le chant poétique. En effet, ce poème est avant tout un poème d’amour. Alors même qu’il dit la mort de la femme, il est un moyen d’encore s’adresser à elle, et de lui dire, de vivre encore, son amour. Registre dominant, le lyrisme apparaît d’abord à travers les images. La comparaison avec la rose, chargée des connotations décrites plus haut, renvoie à la tradition bucolique, attachée au lyrisme. Aux images et aux connotations, s’ajoutent les sonorités et le rythme, qui font du poème un chant, qui rend compte, au-delà des mots, par les sensations, de l’amour exprimé : des allitérations en [m] du vers 1, la répétition des sonorités en [ar] dans le rythme binaire au vers 6, les rythmes binaires des vers 2, 5, 9 et 10, rendent compte de la douceur et de l’harmonie de cet amour. Enfin, le lyrisme permet un nouvel échange, à la fois intérieur et proclamé, entre le « je » et le « tu », ainsi que nous le voyons dans les deux tercets. Ainsi, le chant poétique est le moyen de célébrer l’amour.
Par là même, il tend à immortaliser l’amour et l’être aimé. La comparaison avec la rose, avec les connotations que nous avons décrites plus haut, permet aussi d’immortaliser cet amour. En effet, on voit que le poème ne débute pas par un « je », mais par un « on », à valeur générale, étendant la vision du poète à une vision plus générale : ainsi, au-delà d’une figure imaginaire, la rose devient le symbole de la nature qui, aux yeux du poète, rend hommage à la femme aimée. L’amour et la femme sont inscrits dans la nature. Le poète procède aussi à une déification de la femme, par le recours à des images fortes, dans lesquelles elle est en contact direct avec les éléments, eux-mêmes déifiés : « le ciel », « l’Aube », « la Terre et le Ciel ».  Enfin, on voit que les « obsèques », dans le dernier quatrain, se transforment, d’hommage terrestre et traditionnel avec « reçois mes larmes et mes pleurs », en cérémonie sacrificatoire : le « vase plein de lait » fait référence à une offrande antique. Mais en fait, cette offrande est le poème. En effet, l’emploi du démonstratif, vers 13, troqué contre le possessif du vers 12, « Ce vase de lait, ce panier plein de fleurs », est un déictique, il réfère à la situation d’énonciation du poète. Or, ce qu’il offre ici à la femme, c’est son poème. On note à la rime la métamorphose des « pleurs », image du lyrisme, en « fleurs ». Le dernier vers, enfin, associe la vie à la mort, les assimile, par l’emploi de la conjonction « et », les fond en cette image reprise de tout le poème : « roses ». La femme va trouver une nouvelle existence, une immortalité, dans la célébration du poète.
Mais enfin, par cette reprise en fin de poème du mot rose, nous allons voir que c’est peut-être justement autant la femme que la poésie qui est célébrée. La femme est comparée dans toute la première partie du poème à la rose, nous l’avons vu. Mais à la fin, ce n’est plus aussi sûr, et ce terme de « rose » prend peut-être trop d’importance dans le poème pour que ne l’étudiions pas.  En effet, le terme « rose » est mis en attente à la fin du premier vers, répété à la rime dans « arrose », repris à la rime du dernier vers, en sorte qu’en plus, tout le poème résonne de cette même rime, tous les trois vers, de manière d’autant plus insistante qu’elle est transgressive : le sonnet doit se composer de quatre rimes différentes, or ici, aussi bien dans les tercets que dans les quatrains on a cette rime en [ose]. La rose semble prendre toute la place dans le poème, et notamment à la fin, où ce n’est plus la rose qui sert de comparant à la femme, mais où la femme se transforme en roses ; et nous avons vu que les « roses » du dernier vers, ainsi que les fleurs du vers précédent, étaient la métaphore de la poésie. Ainsi, la femme se métamorphose en poésie, est devenue le prétexte à la poésie, un support.
Ainsi, nous voyons que le poète cherche à transcender la mort par l’accession à une immortalité, pour l’être aimé et pour lui-même, qui par la mort prématurée de l’être aimé a pris conscience de la brièveté de la vie, par la poésie.


Pour conclure, nous voyons qu’à travers le regret de l’être aimé, le poète propose une réflexion sur la brièveté de la vie, sans cesse menacée par la mort. Cependant, ce poème semble avoir une vision plus sombre que d’autres, du premier recueil des Amours, comme « Mignonne… » ou « Quand vous serez bien vieille… », où il propose, en réaction à la vieillesse et à la mort imminentes, de profiter de sa jeunesse. Dans « Comme on voit sur la branche… », rien de tel : la mort a frappé en pleine jeunesse, il n’est pas question de pouvoir profiter de quoi que ce soit, le temps n’en a pas été donné. Il propose donc une autre vision, commune à d’autres poètes de son temps, et de plus tard encore après : celle de l’immortalité, qu’offre la poésie par sa transmission à la postérité. Force nous est de reconnaître que le pari est pour l’instant gagné !
Ainsi, dans ce poème, on se trouve à mi-chemin entre épicurisme et baroque : la vie est brève, et la mort rôde sans cesse, est dans la vie, et non pas seulement à la fin de la vie. Mais surtout, on est dans une vision qui n’est pas forcément vraiment éloignée d’une vision plus moderne de la poésie, telle qu’on la trouve par exemple chez Baudelaire dans ses poèmes à telle ou telle femme aimée, de la poésie qui serait révélation d’un au-delà de la vie, qui serait en elle-même la quête du poète, au-delà de l’objet chanté, lui-même seulement prétexte à poésie.



Ne vous inquiétez pas, on ne vous demandera pas de faire un commentaire aussi long et complet mais il peut vous servir de modèle et vous inspirer quand vous en aurez besoin. 

Mais revenons aux différents principes qui vont nous permettre de parvenir à un résultat approchant.

2- La méthode du commentaire pour les séries générales (sur 16 points)


Il met en œuvre trois qualités :

- une analyse détaillée ( des mots, des idées)
-un travail de synthèse, ( rendre compte de l’essentiel car on ne peut tout dire et regrouper les idées.)
- un souci d’écriture ( écrire dans un français correct, sans erreur de syntaxe)
A) LE TRAVAIL D’ANALYSE

L’analyse permet d’interpréter un texte grâce à l’utilisation d’instruments d’analyse (les procédés.
La démarche du commentaire nécessite donc la connaissance d’instruments d’analyse qui permettent d’observer le texte, d’y faire des repérages qui, organisés et classés, conduisent, par l’analyse, à une interprétation. Celle-ci permettra au cours du travail de synthèse d’élaborer la structure = le plan du commentaire.
• Dix instruments d’analyse pour interroger un texte :
On appelle instruments d’analyse les différents procédés qui permettent d’observer un texte. Leur ordre n’a rien d’imposé, beaucoup de procédés se recoupent et se combinent :

1- La mise en page : disposition du texte dans la page, choix d’une typographie (majuscules, italiques)

2- La ponctuation

3- Le thème du texte : de quoi parle le texte

4- L’énonciation : qui parle ? à qui ? qui pense ? ( utilisation des pronoms)

5- Les procédés grammaticaux:
-longueur et structure des phrases /- verbes: fréquence, phrases nominales, trois sortes de verbes, modes et temps /- négations /- déterminants /- valeurs particulières du singulier et du pluriel /- adverbes

6- Les procédés lexicaux:
- champ lexical 
 - vocabulaire appréciatif et dépréciatif  ( essentiel pour comprendre le point de vue de l'écrivain)
- niveaux de langage  : familier, courant ou soutenu.
- dénotation ( sens propre ou figuré)  /  et la connotation : ce à quoi le mot fait penser.
7- Les procédés musicaux:
-rythme (binaire-ternaire, ascendant-descendant) /- sonorités: allitération-assonance, paronomase

8- Les figures de style:
- d’opposition : antithèse, chiasme, oxymore
- d’insistance: répétition, anaphore, pléonasme, redondance, périphrase, hyperbole, accumulation, gradation, inversion
- d’atténuation: euphémisme, litote, ellipse
- d’animation: comparaison, métaphore, métonymie, synecdoque, allégorie, personnification, prosopopée, parallélisme

9- La participation des cinq sens : vue (vision),ouïe (auditif), odorat (olfactif), toucher (tactile), goût (gustatif)

10- La tonalité ou registre du texte : liée soit à une catégorie esthétique (selon les genres littéraires): comique, satirique, tragique, épique, lyrique, réaliste, fantastique, pathétique, historique, poétique, soit à une catégorie stylistique (variation sur les styles): fantaisiste, symbolique, onirique, mythique, parodique, humoristique, ironique.


A ces instruments d’analyse utilisables pour l’ensemble des textes littéraires, il faut ajouter des instruments d’analyse adaptés aux principaux types d’écriture de textes:
  • récit (énonciation/statut du narrateur/ rôle des personnages / temps de la narration), description (insertion dans le récit/ fonction), argumentation, 
  • théâtre ( registre : comique, tragique / type de scène : monologue, tirade, didascalies,/ distribution de la parole)
  • poésie (rapport versification-syntaxe/sonorités : allitérations et assonances/figures de style)

B) LE TRAVAIL DE SYNTHESE

Élaborer un plan
Schéma du plan : introduction, développement organisé en deux ou trois “grandes parties” - chacune étant composée d’au-moins deux sous-parties -, conclusion. Les “grandes parties”sont construites selon un projet démonstratif ( argumentatif) dont la continuité est assurée par les transitions.

I- Titre de la partie
A- titre de la sous-partie
B- titre de la sous-partie
(C- titre de la sous-partie)
transition 

       II- Titre de la partie

A- titre de la sous-partie
B- titre de la sous-partie
(C- titre de la sous-partie)
transition 

(III- Titre de la partie
A- titre de la sous-partie
B- titre de la sous-partie)
(C- titre de la sous-partie)

NB : le plan en 3 parties est de moins en moins attendu même s'il est parfois indispensable. Cela dépend des textes et de la manière dont on présente les idées.

Élaborer une « grande partie ».
Une “grande partie” s’applique à l’ensemble du texte et ne sépare pas le fond (les idées ) de la forme (manière d’exprimer ces idées). Du moins en théorie.
Chaque instrument d’analyse produit des données que l’on interprète. Le travail de synthèse consiste à regrouper ces diverses interprétations vers une idée centrale. Ce regroupement des données se réalise en sous-parties selon une organisation logique propre à chaque “grande partie”.

A l’intérieur d’une grande partie, on classe les sous-parties selon une progression qui ménage l’intérêt et la curiosité du lecteur; chacune correspond à un paragraphe.

Trouver les axes des grandes parties :
- grande partie axée autour d’un thème ou d’une image ( repérés grâce à l’analyse des champs lexicaux et du vocabulaire dominant )

- grande partie axée autour du renouvellement d’un thème traditionnel

- grande partie axée autour de la transfiguration du thème par l’écriture

- grande partie axée autour de l’évocation d’un sentiment éprouvé par l’auteur, le narrateur, un personnage ou le lecteur grâce à l’analyse d’un vocabulaire de l’affectivité et l’importance de la ponctuation.

- grande partie axée autour de la mise en corrélation ( mise en relation) de deux notions, dans le but de montrer soit leur union, soit leur opposition (chacune d’elles ne peut pas constituer une grande partie de commentaire : celle-ci se construit à partir de l’étude de leur comparaison : parallélisme ou  opposition...)

- grande partie axée autour d’un mode d’expression ( ex. le conte, le chant, la confidence, l’hymne, l’anecdote, le dialogue théâtral dans un texte romanesque ) par l’analyse des procédés d’écriture et d’énonciation.

- grande partie axée autour d’une tonalité esthétique ou stylistique définie par l’analyse des procédés d’écriture.

- s’il s’agit d’un récit : le rythme et la progression du récit ; le mode de présentation des faits ; le rôle du point de vue ;

- s’il s’agit d’une description ou d’un portrait : le mode de caractérisation des personnages ; les contrastes ; le caractère élogieux ou dépréciatif ; la fonction de la description ou du portrait ;
* Cas particulier du commentaire d’un texte parodique :
un texte parodique est un texte qui emprunte le fond ou la forme d’un type de texte connu, pour les tourner en dérision.


La dynamique du plan
Certains libellés de sujet suggèrent un ordre de présentation logique. Mais il faut toujours suivre l’un des trois principes suivants :
aller du plus simple au plus complexe
aller du plus évident au plus subtil ou implicite
aller du plus commun au plus surprenant


 ATTENTION : 
- le commentaire allusif /- l’avalanche de citations non expliquées /- un habile montage de citations /- la paraphrase du texte ( raconter le texte moins bien que l'auteur)

Il faut
- expliquer le sens du texte ( le fond, le quoi) tout en analysant les procédés (la forme, le comment)
- souligner les titres d’œuvres ( théâtre et romans)
- Poésie : mettre les titres de poèmes entre guillemets et souligner le titre des recueils
- mettre des majuscules aux titres et aux noms propres 
- ne pas nommer l'auteur par son seul prénom (vous ne le connaissez pas intimement)                          


3- Faire une introduction de commentaire 

Elle comporte 5 parties mais qui seront présentées en 2 paragraphes

1er § marqué par un alinéa

1- Présentation de l'auteur ( qqs éléments biographiques surtout s'ils sont en relation avec le texte ou l'oeuvre),son époque,  son mouvement littéraire.(ex : Maupassant est un écrivain réaliste de la fin du XIX ème siècle), les dates de naissance et de mort ne sont pas obligatoires.
2- Présentation de l'oeuvre d'où est tiré le texte ( partie svt négligée par les élèves)

3- Présentation de l'extrait étudié

4- Enoncé de la problématique 

2nd§ signalé par un alinéa

5- Annonce du plan choisi : 
attention à cette annonce de plan qui pose pb à bcp d'élèves sur le plan de la syntaxe et qui montre au correcteur d'emblée que vous ne savez pas parler français !
Il faut être très attentif à ne pas mélanger l'interrogation directe ( avec inversion du sujet et du verbe) et l'interrogation indirecte ( sans inversion)

ex : 2 formulations possibles d'une même problématique


interrogation directe : En quoi ce poème de Ronsard montre-t-il une influence du Pétrarquisme?


interrogation indirecte : Nous nous demanderons en quoi ce poème de Ronsard montre une influence du Pétrarquisme.




4- Rédiger un paragraphe de commentaire composé

Entre [crochets] : ce qui ne doit pas apparaître dans votre rédaction, mais que je signale pour bien vous montrer les diverses étapes d’un commentaire.

En BLEU : la rédaction. Les arguments
En VERT : les exemples.
En ROUGE : les procédés.

[Intro générale] Aux XVe et XVIe siècle, une des grandes préoccupations des poètes est de valoriser et glorifier la langue française, à la fois par la recherche de formes nouvelles, et par le recours à l'imitation des Anciens, dans laquelle on voit une possibilité d'intégrer des formes nobles délaissées par le Moyen Age et d'enrichir le vocabulaire, ainsi que la pensée. Ainsi, on voit se développer de nouvelles formes littéraires, comme le sonnet en poésie, hérité du poète italien Pétrarque, teintées cependant d’une influence antique, dans les thèmes ou la pensée. [Intro auteur et œuvre] Les poèmes de Ronsard, par exemple, traitent de thèmes épicuriens, dignes du fameux carpe diem (« Profite du jour présent ») du poète latin Horace, en empruntant à la fois le langage fleuri et amoureux commun à Pétrarque ou aux poètes lyriques médiévaux et des formes modernes telles que le sonnet. [Présentation texte à étudier] C’est ainsi que dans le sonnet « Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose… » extrait du Second livre des Amours, Ronsard, sous couvert de célébrer une femme aimée et trop tôt disparue, traite du thème épicurien de la rapidité de la vie, du cycle de vie et de mort. [Problématique] Comment Ronsard, en célébrant une femme aimée, rend -il compte du caractère éphémère de la vie ?
[Plan] Dans un premier temps, nous évoquerons l’image de la femme, comparée à une rose, en ce qu’elle est éphémère, ce qui nous conduira à étudier la réflexion sur la vie et la mort que mène le poète ; enfin, nous nous demanderons si le poète, par l’écriture, ne cherche pas à immortaliser son amour et cette femme aimée.



 Tout d’abord, nous voyons que le poète évoque une femme aimée, trop tôt disparue, qu’il compare à une rose, à la fois en ce qu’elle est belle et éphémère. [Phrase introductive paragraphe I1] Le poème file une comparaison entre la femme et la rose. [Analyse et interprétation des procédés] Cela est visible tout d’abord par la structure même du sonnet. En effet, un sonnet traditionnel doit observer une rupture sémantique entre les quatrains et les tercets. Ici, nous observons que les quatrains sont consacrés au comparant et les tercets au comparé, grâce à la structure binaire explicite « Comme… », vers 1, « Ainsi… », vers 9. Ensuite, nous voyons que la rose a bien des points communs avec une jeune fille : sans être totalement personnifiée, elle est caractérisée par un vocabulaire plutôt réservé à un être humain : « jeunesse », au vers 2, « grâce » et « amour », au vers 5, « languissante » et « elle meurt » au vers 8. Ces mêmes éléments caractérisent la femme aimée : l'expression « en ta première et jeune nouveauté » au vers 9, « beauté » au vers 10 ou « t’as tuée » au vers 12, par exemple, rapprochant ainsi encore le comparant et le comparé. [Phrase conclusive paragraphe I1] La femme est la rose.
[Phrase introductive paragraphe I2] Ce qui, en premier lieu, est remarquable chez cette femme, comme chez la rose, c’est sa beauté. En effet, ce poème d’amour se présente évidemment comme un éloge à la femme aimée. [Analyse et interprétation des procédés] La comparaison à la rose, tout d’abord, est laudative, en ce qu’elle connote la beauté, mais aussi par sa mise en valeur : le terme « rose » est mis en attente à la fin du premier vers, répété à la rime dans « « arrose », repris à la rime du dernier vers. Cela montre bien son importance, la considération que le poète a pour elle. On trouve pour l’éloge de la femme, mêlé à l’évocation de la rose, un champ lexical mélioratif. On remarque que la rose (la femme) est objet de l’admiration, d’abord de son entourage, à qui elles prodiguent leur aura bienfaisante : objet exclusif du regard au vers 1 (« Comme on voit… la rose ») : on note l’emploi de l’indéfini qui prouve l’attrait universel que « la » rose provoque, elle-même déterminée par un article défini, qui l’isole, la promeut, elle prodigue sa grâce et protège l’amour aux vers 5-6. On note ici une certaine sensualité, évoquée par la convocation des sens de la vue et de l’odorat, celui-ci mis d’autant plus en valeur par l’encadrement du vers 6 par les termes « embaumant » et « odeur » La femme comme la rose bénéficient aussi d’une aura qui s’étend à l’univers entier : le « ciel », vers 2, est personnifié, éprouvant des sentiments humains, « jaloux »  ; « l’Aube », vers 3, dont la majuscule semble indiquer que l’on fait référence à la déesse (« l’Aurore aux doigts de roses », nous dit Homère), semble être au service de la rose ; enfin, au vers 10, « la Terre et le Ciel », diptyque qui nous montre cette aura universelle, sont eux aussi en position d’infériorité, surpassés par la beauté de la femme (« honoraient ta beauté »). [Phrase conclusive paragraphe I2] Ainsi, le poète célèbre la beauté de la femme, qui touche non seulement son entourage (vers 6), mais l’univers entier.
[Phrase introductive paragraphe I3] Cette beauté est intimement liée à la jeunesse de la femme aimée. [Analyse et interprétation des procédés] Dès le premier vers, au sein de la comparaison avec la rose, est évoqué le « mois de mai », qui connote à la fois la nouveauté, avec le renouveau du printemps, et l’amour. De même, à deux reprises, la jeunesse et la beauté sont intimement liées : au vers 2, elles sont associées par l’épithète « belle jeunesse » ; aux vers 9-10, elles le sont encore, à la rime (« nouveauté » / « beauté »). Le thème de la jeunesse, ailleurs exprimé par le champ lexical assez redondant (…), est aussi lié à la vitalité : « première fleur », au vers 2, rime avec « vive couleur ». Mais on remarque surtout que la jeunesse possède un caractère éphémère : deux fois, le poète répète l’adjectif ordinal « premier » (vers 2 et 9), toujours associé à cette jeunesse, la fixant comme un instantané. [Phrase conclusive paragraphe I3] La jeunesse semble donc être une caractéristique qui condense en elle le destin de la femme, belle et trop tôt disparue, et la pensée du poète, rivée sur ce constant du caractère éphémère de la vie.
[Mini-conclu de partie I] Dans ce sonnet, le poète semble donc vouloir faire l’éloge de l’être aimé, dont il exalte la beauté fragile et éphémère, à peine née et aussitôt ravie.


[Mini-intro de partie II] En effet, on remarque qu’à ce thème de l’amour perdu se joint une réflexion sur la brièveté tragique de la vie.[Phrase introductive paragraphe II1] La composition du sonnet, le choix même de cette forme brève, semble propice à rendre compte de la brièveté de la vie et à décrire ce passage rapide de la vie à la mort. [Analyse et interprétation des procédés] On note la même composition dans les deux quatrains et le premier tercet : les deux quatrains décrivent d’abord la vie de la rose et réservent les deux derniers vers à sa mort ; le premier tercet consacre deux vers à la vie de la femme et un vers à sa mort. Dans le tercet particulièrement, le passage de la vie à la mort est très rapide : la vie est évoquée dans une proposition temporelle, à l’imparfait, qui a une valeur durative, avant d’être interrompue et presque reléguée au second plan, par la mort évoquée au passé composé dans la principale. Dans les quatrains, on garde le présent à la fois général et narratif pour la vie et la mort, ce qui donne l’impression que la mort fait déjà son œuvre au sein même de la vie. [Phrase conclusive paragraphe II1] Vie et mort sont intimement liées.
[Phrase introductive paragraphe II2] En effet, tout au long du poème, alors même qu’il décrit la vie, la mort pèse déjà sur la rose ou la femme, révélant l’aspect tragique de la vie. [Analyse et interprétation des procédés] Là encore, la composition du poème est révélatrice : il alterne deux vers sur la vie et deux vers sur la mort. Les vers 1 et 2 évoquent l’apparition de la rose, de la vie, tandis que les vers 3 et 4 montrent déjà une menace sur cette vie : le « ciel » est « jaloux », et à la césure du vers suivant, comme « jaloux » l’était au vers 3, on trouve les « pleurs » de l’Aube. C’est-à-dire qu’au moment même où la rose est à son apogée, on a déjà des signes de mort. Dans les vers 7 et 8, l’évocation de la mort est explicite, s’opposant aux vers 5 et 6 ; là encore, la rose est en proie aux éléments de l’univers, l’eau et la pluie, cernée entre ces deux forces opposées, avec une violence certaine comme dans les termes « battue » ou « excessive ». [Phrase conclusive paragraphe II2] Ainsi, dès sa naissance, au sein même de sa jeunesse, la rose – la femme – étaient menacées par la mort.
[Phrase introductive paragraphe II3] Ronsard va même encore plus loin : la vie n’est pas seulement menacée, jalousée, elle est condamnée. Vivant, on est déjà mort. [Analyse et interprétation des procédés] Même dans les vers chantant la vie, on a déjà des signes de mort. Au vers 5, est employé le verbe « repose », répété à la rime au vers 11, cette fois-ci, bien dans le sens de mort ; de même, on peut penser à une syllepse au vers 6, pour « embaumant ». Enfin, de manière explicite,  la figure mythique du destin, la Parque, au vers 11, montre qu’à tout moment, la mort peut frapper, que notre vie est sans cesse aux mains de ce destin qui choisit quand il veut d’en couper le fil : l’acte de mort est un acte d’agression (« t’a tuée »), décidé. [Phrase conclusive paragraphe II3] Ainsi Ronsard met bien en œuvre dans ce poème la pensée épicurienne de la mort déjà présente dans la vie.
[Mini-conclu de partie II] Au-delà de regretter l’être aimé trop tôt disparu, Ronsard montre que la vie en général est brève et menacée par la mort, que ce soit « feuille à feuille » ou brutalement.

 
[Mini-intro de partie III] Cependant, le poème ne se termine pas sur ce seul constat assez noir, mais propose une issue, par le chant poétique.
[Phrase introductive paragraphe III1] En effet, ce poème est avant tout un poème d’amour. [Analyse et interprétation des procédés] Alors même qu’il dit la mort de la femme, il est un moyen d’encore s’adresser à elle, et de lui dire, de vivre encore, son amour. Registre dominant, le lyrisme apparaît d’abord à travers les images : la comparaison avec la rose, avec les connotations que nous avons décrites plus haut, réfère à la tradition bucolique, attachée au lyrisme. Aux images et aux connotations, s’ajoutent les sonorités et le rythme, qui font du poème un chant, qui rend compte, au-delà des mots, par les sensations, de l’amour exprimé : des allitérations en [m] du vers 1, la répétition des sonorités en [ar] dans le rythme binaire au vers 6, les rythmes binaires des vers 2, 5, 9 et 10, rendent compte de la douceur et de l’harmonie de cet amour. Enfin, le lyrisme permet un nouvel échange, à la fois intérieur et proclamé, entre le « je » et le « tu », ainsi que nous le voyons dans les deux tercets. [Phrase conclusive paragraphe III1] Ainsi, le chant poétique est le moyen de célébrer l’amour.
[Phrase introductive paragraphe III2] Par là même, il tend à immortaliser l’amour et l’être aimé. [Analyse et interprétation des procédés] La comparaison avec la rose, avec les connotations que nous avons décrites plus haut, permet aussi d’immortaliser cet amour. En effet, on voit que le poème ne débute pas par un « je », mais par un « on », à valeur généralisante, étendant la vision du poète à une vision plus générale : ainsi, au-delà d’une figure imaginaire, la rose devient le symbole de la nature qui, aux yeux du poète, rend hommage à la femme aimée. L’amour et la femme sont inscrits dans la nature. Le poète procède aussi à une déification de la femme, par le recours à des images fortes, dans lesquelles elle est en contact direct avec les éléments, eux-mêmes déifiés : « le ciel », « l’Aube », « la Terre et le Ciel ».  Enfin, on voit que les « obsèques », dans le dernier quatrains, se transforment, d’hommage terrestre et traditionnel (« reçois mes larmes et mes pleurs »), en cérémonie sacrificatoire : le « vase plein de lait » fait référence à une offrande antique. Mais en fait, cette offrande est le poème. En effet, l’emploi du démonstratif, vers 13, troqué contre le possessif du vers 12, « Ce vase de lait, ce panier plein de fleurs », est un déictique, il réfère à la situation d’énonciation du poète. Or, ce qu’il offre ici à la femme, c’est son poème. On note à la rime la métamorphose des « pleurs » (image du lyrisme) en « fleurs ». Le dernier vers, enfin, associe la vie à la mort, les assimile, par l’emploi de la conjonction « et », les fond en cette image reprise de tout le poème : « roses ». [Phrase conclusive paragraphe III2] La femme va trouver une nouvelle existence, une immortalité, dans la célébration du poète.
[Phrase introductive paragraphe III3] Mais enfin, par cette reprise en fin de poème du mot rose, nous allons voir que c’est peut-être justement autant la femme que la poésie qui est célébrée. [Analyse et interprétation des procédés] La femme est comparée dans toute la première partie du poème à la rose, nous l’avons vu. Mais à la fin, ce n’est plus aussi sûr, et ce terme de « rose » prend peut-être trop d’importance dans le poème pour que ne l’étudiions pas.  En effet, le terme « rose » est mis en attente à la fin du premier vers, répété à la rime dans « arrose », repris à la rime du dernier vers, en sorte qu’en plus, tout le poème résonne de cette même rime, tous les trois vers, de manière d’autant plus insistante qu’elle est transgressive (le sonnet doit se composer de quatre rimes différentes, or ici, aussi bien dans les tercets que dans les quatrains on a cette rime en [ose]). La rose semble prendre toute la place dans le poème, et notamment à la fin, où ce n’est plus la rose qui sert de comparant à la femme, mais où la femme se transforme en roses ; et nous avons vu que les « roses » du dernier vers, ainsi que les fleurs du vers précédent, étaient la métaphore de la poésie. [Phrase conclusive paragraphe III3] Ainsi, la femme se métamorphose en poésie, est devenue le prétexte à la poésie, un support.
[Mini-conclu de partie III] Ainsi, nous voyons que le poète cherche à transcender la mort par l’accession à une immortalité, pour l’être aimé et pour lui-même, qui par la mort prématurée de l’être aimé a pris conscience de la brièveté de la vie, par la poésie.


[Conclusion : récapitulation] Pour conclure, nous voyons qu’à travers le regret de l’être aimé, le poète propose une réflexion sur la brièveté de la vie, sans cesse menacée par la mort. Cependant, ce poème semble avoir une vision plus sombre que d’autres, du premier recueil des Amours, comme « Mignonne… » ou « Quand vous serez bien vieille… », où il propose, en réaction à la vieillesse et à la mort imminentes, de profiter de sa jeunesse. Dans « Comme on voit sur la branche… », rien de tel : la mort a frappé en pleine jeunesse, il n’est pas question de pouvoir profiter de quoi que ce soit, le temps n’en a pas été donné. Il propose donc une autre vision, commune à d’autres poètes de son temps, et de plus tard encore après : celle de l’immortalité, qu’offre la poésie par sa transmission à la postérité. Force nous est de reconnaître que le pari est pour l’instant gagné !
[Ouverture] Ainsi, dans ce poème, on se trouve à mi-chemin entre épicurisme et baroque : la vie est brève, et la mort qui rôde sans cesse, est dans la vie, et non pas seulement à la fin de la vie. Mais surtout, on est dans une vision qui n’est pas forcément vraiment éloignée d’une vision plus moderne de la poésie, telle qu’on la trouve par exemple chez Baudelaire dans ses poèmes à telle ou telle femme aimée, de la poésie qui serait révélation d’un au-delà de la vie, qui serait en elle-même la quête du poète, au-delà de l’objet chanté, lui-même seulement prétexte à poésie.




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La lutte contre les injustices : Groupement de textes

Hernani

La Bruyère "Les Caractères" Livres V à X programme de 1ère générale étude des thèmes