Terminale L

L'épreuve de Littérature en terminale 

Quelques conseils 

1- Traiter les 2 questions ( IMPERATIF), en commençant de préférence par celle qui porte sur 12 pts

2- Rédiger une introduction, un développement et une conclusion pour chaque question : vous devez donc au brouillon faire un plan de vos idées avant de vous  jeter tête baissée dans la rédaction. Vous annoncerez votre plan à la fin de votre introduction, comme pour une dissertation normale.

3- Ne vous contentez pas du cours : pensez à apprendre qqs citations de la nouvelle ou du film par ex qui montreront votre excellente connaissance des œuvres

4- Vous devez soigner votre expression : il s'agit d'une épreuve de littérature !

Nature des épreuves cf. IO ( Instructions Officielles)

Méthodologie de l’épreuve

Épreuve écrite obligatoire, série L - Durée : 2 heures - Coefficient : 4

Objectifs de l'épreuve

L'épreuve permet d'évaluer les compétences mentionnées dans le programme. Cette évaluation se fonde sur les éléments suivants :

- la connaissance des œuvres et de la perspective d'étude définie par le programme ;
- l'aptitude à prendre en compte des problématiques ; les questions
- la clarté, la pertinence et la cohérence des propos ;
- la mise en œuvre de savoirs littéraires et culturels : les citations d’auteurs ou de critiques sont fortement valorisées.
- la justesse et la correction de l'expression.

Nature de l'épreuve

Les candidats traitent un sujet portant sur un domaine d'étude du programme.
Le sujet peut s'appuyer sur un texte littéraire ou critique, ou sur un document iconographique, pour engager la réflexion des candidats.
Les candidats sont invités à répondre, de façon construite et organisée, en deux développements successifs, à deux questions :

- la première question sur 8 pts porte sur un aspect de l'œuvre ou des œuvres du programme limitatif, en relation avec le domaine d'étude retenu. En aucun cas, elle ne porte sur les œuvres recommandées en lecture complémentaire ;
- la deuxième question sur 12 pts porte sur l'ensemble de l'œuvre ou des œuvres du programme limitatif, en relation avec le domaine d'étude retenu. Ex : La Princesse de Montpensier, la nouvelle et le film mais elle ne peut porter sur l’ensemble des objets d’étude.

Il s’agit en fait de deux petites dissertations : on attend une introduction, un développement et une conclusion.

LA PRINCESSE

DE MONTPENSIER.



PENDANT que la guerre civile déchirait la France sous le règne de Charles IX, lamour ne laissait pas de trouver sa place parmi tant de désordres, et den causer beaucoup dans son empire. La fille unique du marquis de Mézière, héritière très-considérable, et par ses grands biens, et par lillustre maison dAnjou, dont elle était descendue, était promise au duc du Maine, cadet du duc de Guise, que lon a depuis appelé le Balafré. L’extrême jeunesse de cette grande héritière retardait son mariage, et cependant le duc de Guise, qui la voyait souvent, et qui voyait en elle les commencements dune grande beauté, en devint amoureux, et en fut aimé. Ils cachèrent leur amour avec beaucoup de soin. Le duc de Guise, qui navait pas encore autant dambition quil en a eu depuis, souhaitait ardemment de l’épouser ; mais la crainte du cardinal de Lorraine, qui lui tenait lieu de père, lempêchait de se déclarer. Les choses étaient en cet état, lorsque la maison de Bourbon, qui ne pouvait voir quavec envie l’élévation de celle de Guise, sapercevant de lavantage quelle recevrait de ce mariage, se résolut de le lui ôter et den profiter elle-même, en faisant épouser cette héritière au jeune prince de Montpensier. On travailla à l’exécution de ce dessein avec tant de succès, que les parents de mademoiselle de Mézière, contre les promesses quils avaient faites au cardinal de Lorraine, se résolurent de la donner en mariage à ce jeune prince. Toute la maison de Guise fut extrêmement surprise de ce procédé ; mais le duc en fut accablé de douleur, et l’intérêt de son amour lui fit recevoir ce manquement de parole comme un affront insupportable. Son ressentiment éclata bientôt, malgré les réprimandes du cardinal de Lorraine et du duc dAumale, ses oncles, qui ne voulaient pas s’opiniâtrer à une chose quils voyaient ne pouvoir empêcher ; et il semporta avec tant de violence, en présence même du jeune prince de Montpensier, quil en naquit entre eux une haine qui ne finit quavec leur vie. Mademoiselle de Mézière, tourmentée par ses parents d’épouser ce prince, voyant dailleurs quelle ne pouvait épouser le duc de Guise, et connaissant par sa vertu quil était dangereux davoir pour beau-frère un homme quelle eût souhaité pour mari, se résolut enfin de suivre le sentiment de ses proches et conjura M. de Guise de ne plus apporter dobstacle à son mariage. Elle épousa donc le prince de Montpensier qui, peu de temps après, lemmena à Champigni, séjour ordinaire des princes de sa maison, pour l’ôter de Paris où apparemment tout leffort de la guerre allait tomber. Cette grande ville était menacée d’un siège par l’armée des huguenots, dont le prince de Condé était le chef, et qui venait de déclarer la guerre au roi pour la seconde fois. Le prince de Montpensier, dans sa plus tendre jeunesse, avait fait une amitié très particulière avec le comte de Chabanes, qui était un homme d’un âge beaucoup plus avancé que lui, et dun mérite extraordinaire. Ce comte avait été si sensible à l’estime et à la confiance de ce jeune prince, que, contre les engagements quil avait avec le prince de Condé, qui lui faisait espérer des emplois considérables dans le parti des huguenots, il se déclara pour les catholiques, ne pouvant se résoudre à être opposé en quelque chose à un homme qui lui était si cher. Ce changement de parti nayant point dautre fondement, lon douta quil fût véritable, et la reine-mère, Catherine de Médicis, en eut de si grands soupçons que, la guerre étant déclarée par les huguenots, elle eut dessein de le faire arrêter ; mais le prince de Montpensier len empêcha et emmena Chabanes à Champigni en sy en allant avec sa femme. Le comte, ayant lesprit fort doux et fort agréable, gagna bientôt lestime de la princesse de Montpensier, et en peu de temps, elle neut pas moins de confiance et damitié pour lui, quen avait le prince son mari. Chabanes, de son côté, regardait avec admiration tant de beauté, d’esprit et de vertu qui paraissaient en cette jeune princesse ; et, se servant de lamitié qu’elle lui témoignait pour lui inspirer des sentiments dune vertu extraordinaire et digne de la grandeur de sa naissance, il la rendit en peu de temps une des personnes du monde les plus achevées. Le prince étant revenu à la cour, où la continuation de la guerre lappelait, le comte demeura seul avec la princesse, et continua davoir pour elle un respect et une amitié proportionnés à sa qualité et à son mérite. La confiance saugmenta de part et dautre, et à tel point du côté de la princesse de Montpensier, quelle lui apprit linclination quelle avait eue pour M. de Guise ; mais elle lui apprit aussi en même-temps quelle était presque éteinte, et quil ne lui en restait que ce qui était nécessaire pour défendre l’entrée de son cœur à une autre inclination, et que, la vertu se joignant à ce reste dimpression, elle n’était capable que davoir du mépris pour ceux qui oseraient avoir de lamour pour elle. Le comte, qui connaissait la sincérité de cette belle princesse, et qui lui voyait dailleurs des dispositions si opposées à la faiblesse de la galanterie, ne douta point de la vérité de ses paroles, et néanmoins il ne put se défendre de tant de charmes quil voyait tous les jours de si près. Il devint passionnément amoureux de cette princesse ; et, quelque honte quil trouvât à se laisser surmonter, il fallut céder et laimer de la plus violente et de la plus sincère passion qui fut jamais. Sil ne fut pas maître de son cœur, il le fut de ses actions. Le changement de son âme n’en apporta point dans sa conduite, et personne ne soupçonna son amour. Il prit un soin exact, pendant une année entière, de le cacher à la princesse, et il crut quil aurait toujours le même désir de le lui cacher. Lamour fit en lui ce quil fait en tous les autres ; il lui donna lenvie de parler, et, après tous les combats qui ont accoutumé de se faire en pareilles occasions, il osa lui dire quil laimait, s’étant bien préparé à essuyer les orages dont la fierté de cette princesse le menaçait ; mais il trouva en elle une tranquillité et une froideur pires mille fois que toutes les rigueurs à quoi il s’était attendu. Elle ne prit pas la peine de se mettre en colère contre lui. Elle lui représenta en peu de mots la différence de leurs qualités et de leur âge, la connaissance particulière quil avait de sa vertu et de linclination quelle avait eue pour le duc de Guise, et sur-tout ce quil devait à l’amitié et à la confiance du prince son mari. Le comte pensa mourir à ses pieds de honte et de douleur. Elle tâcha de le consoler en lassurant quelle ne se souviendrait jamais de ce quil venait de lui dire, quelle ne se persuaderait jamais une chose qui lui était si désavantageuse et quelle ne le regarderait jamais que comme son meilleur ami. Ces assurances consolèrent le comte, comme on se le peut imaginer. Il sentit le mépris des paroles de la princesse dans toute leur étendue, et, le lendemain, la revoyant avec visage aussi ouvert que de coutume, son affliction en redoubla de la moitié ; le procédé de la princesse ne la diminua pas. Elle vécut avec lui avec la même bonté quelle avait accoutumé. Elle lui reparla, quand loccasion en fit naître le discours, de linclination quelle avait eue pour le duc de Guise ; et, la renommée commençant alors à publier les grandes qualités qui paraissaient en ce prince, elle lui avoua quelle en sentait de la joie, et quelle était bien aise de voir quil méritait les sentiments quelle avait eus pour lui. Toutes ces marques de confiance, qui avaient été si chères au comte, lui devinrent insupportables. Il nosait pourtant le témoigner à la princesse, quoiquil osât bien la faire souvenir quelquefois de ce quil avait eu la hardiesse de lui dire. Après deux années dabsence, la paix étant faite, le prince de Montpensier revint trouver la princesse sa femme, tout couvert de la gloire quil avait acquise au siège de Paris et à la bataille de Saint-Denis. Il fut surpris de voir la beauté de cette princesse dans une si grande perfection, et, par le sentiment dune jalousie qui lui était naturelle, il en eut quelque chagrin, prévoyant bien quil ne serait pas seul à la trouver belle. Il eut beaucoup de joie de revoir le comte de Chabanes, pour qui son amitié n’était point diminuée. Il lui demanda confidemment des nouvelles de lesprit et de lhumeur de sa femme, qui lui était quasi une personne inconnue, par le peu de temps quil avait demeuré avec elle. Le comte, avec une sincérité aussi exacte que sil n’eût point été amoureux, dit au prince tout ce quil connaissait en cette princesse capable de la lui faire aimer ; et il avertit aussi madame de Montpensier de toutes les choses quelle devait faire pour achever de gagner le cœur et lestime de son mari.
Enfin, la passion du comte le portait si naturellement à ne songer qu’à ce qui pouvait augmenter le bonheur et la gloire de cette princesse, quil oubliait sans peine l’intérêt quont les amants à empêcher que les personnes quils aiment ne soient dans une parfaite intelligence avec leurs maris. La paix ne fit que paraître. La guerre recommença aussitôt, par le dessein queut le roi de faire arrêter à Noyers le prince de Condé et lamiral de Châtillon ; et, ce dessein ayant été découvert, lon commença de nouveau les préparatifs de la guerre, et le prince de Montpensier fut contraint de quitter sa femme, pour se rendre où son devoir lappelait. Chabanes le suivit à la cour, s’étant entièrement justifié auprès de la reine. Ce ne fut pas sans une douleur extrême quil quitta la princesse, qui, de son côté, demeura fort triste des périls où la guerre allait exposer son mari. Les chefs des huguenots s’étaient retirés à La Rochelle. Le Poitou et la Saintonge étant dans leur parti, la guerre sy alluma fortement, et le roi y rassembla toutes ses troupes. Le duc dAnjou, son frère, qui fut depuis Henri III, y acquit beaucoup de gloire par plusieurs belles actions, et entre autres par la bataille de Jarnac, où le prince de Condé fut tué. Ce fut dans cette guerre que le duc de Guise commença à avoir des emplois considérables et à faire connaître quil passait de beaucoup les grandes espérances quon avait conçues de lui. Le prince de Montpensier, qui le haïssait, et comme son ennemi particulier, et comme celui de sa maison, ne voyait quavec peine la gloire de ce duc, aussi bien que lamitié que lui témoignait le duc dAnjou. Après que les deux armées se furent fatiguées par beaucoup de petits combats, dun commun consentement on licencia les troupes pour quelque temps. Le duc dAnjou demeura à Loches, pour donner ordre à toutes les places qui eussent pu être attaquées. Le duc de Guise y demeura avec lui ; et le prince de Montpensier, accompagné du comte de Chabanes, sen retourna à Champigni, qui n’était pas fort éloigné de là. Le duc dAnjou allait souvent visiter les places quil faisait fortifier. Un jour quil revenait à Loches par un chemin peu connu de ceux de sa suite, le duc de Guise, qui se vantait de le savoir, se mit à la tête de la troupe pour servir de guide ; mais, après avoir marché quelque temps, il s’égara et se trouva sur le bord dune petite rivière, quil ne reconnut pas lui-même. Le duc dAnjou lui fit la guerre de les avoir si mal conduits ; et, étant arrêtés en ce lieu, aussi disposés à la joie quont accoutumé de l’être de jeunes princes, ils aperçurent un petit bateau qui était arrêté au milieu de la rivière, et, comme elle n’était pas large, ils distinguèrent aisément dans ce bateau trois ou quatre femmes, et une entre autres qui leur sembla fort belle, qui était habillée magnifiquement, et qui regardait avec attention deux hommes qui pêchaient auprès delles. Cette aventure donna une nouvelle joie à ces jeunes princes et à tous ceux de leur suite. Elle leur parut une chose de roman. Les uns disoient au duc de Guise, quil les avait égarés exprès pour leur faire voir cette belle personne, les autres, quil fallait, après ce quavait fait le hasard, quil en devînt amoureux ; et le duc dAnjou soutenait que c’était lui qui devait être son amant. Enfin, voulant pousser laventure à bout, ils firent avancer dans la rivière de leurs gens à cheval, le plus avant quil se put, pour crier à cette dame que c’était monsieur dAnjou qui eût bien voulu passer de lautre côté de leau et qui priait quon le vînt prendre. Cette dame, qui était la princesse de Montpensier, entendant dire que le duc dAnjou était là et ne doutant point, à la quantité des gens quelle voyait au bord de leau, que ce ne fût lui, fit avancer son bateau pour aller du côté où il était. Sa bonne mine le lui fit bientôt distinguer des autres ; mais elle distingua encore plutôt le duc de Guise : sa vue lui apporta un trouble qui la fit un peu rougir et qui la fit paraître aux yeux de ces princes dans une beauté quils crurent surnaturelle. Le duc de Guise la reconnut dabord, malgré le changement avantageux qui s’était fait en elle depuis les trois années quil ne lavait vue. Il dit au duc dAnjou qui elle était, qui fut honteux dabord de la liberté quil avait prise ; mais, voyant madame de Montpensier si belle, et cette aventure lui plaisant si fort, il se résolut de lachever ; et, après mille excuses et mille compliments, il inventa une affaire considérable, quil disait avoir au-delà de la rivière, et accepta loffre quelle lui fit de le passer dans son bateau. Il y entra seul avec le duc de Guise, donnant ordre à tous ceux qui les suivaient daller passer la rivière à un autre endroit, et de les venir joindre à Champigni, que madame de Montpensier leur dit qui n’était qu’à deux lieues de là. Sitôt quils furent dans le bateau, le duc dAnjou lui demanda à quoi ils devaient une si agréable rencontre, et ce quelle faisait au milieu de la rivière. Elle lui répondit, qu’étant partie de Champigni avec le prince son mari, dans le dessein de le suivre à la chasse, s’étant trouvée trop lasse, elle était venue sur le bord de la rivière, où la curiosité de voir prendre un saumon qui avait donné dans un filet, lavait fait entrer dans ce bateau. M. de Guise ne se mêlait point dans la conversation ; mais, sentant réveiller vivement dans son cœur tout ce que cette princesse y avait autrefois fait naître, il pensait en lui-même quil sortirait difficilement de cette aventure, sans rentrer dans ses liens. Ils arrivèrent bientôt au bord, où ils trouvèrent les chevaux et les écuyers de madame de Montpensier, qui lattendaient. Le duc dAnjou et le duc de Guise l’ aidèrent à monter à cheval, où elle se tenait avec une grâce admirable. Pendant tout le chemin, elle les entretint agréablement de diverses choses. Ils ne furent pas moins surpris des charmes de son esprit, quils lavaient été de sa beauté ; et ils ne purent sempêcher de lui faire connaître quils en étaient extraordinairement surpris. Elle répondit à leurs louanges avec toute la modestie imaginable ; mais un peu plus froidement à celles du duc de Guise, voulant garder une fierté qui lempêchait de fonder aucune espérance sur linclination quelle avait eue pour lui. En arrivant dans la première cour de Champigni, ils trouvèrent le prince de Montpensier, qui ne faisait que de revenir de la chasse. Son étonnement fut grand de voir marcher deux hommes à côté de sa femme ; mais il fut extrême, quand, sapprochant de plus près, il reconnut que c’était le duc dAnjou et le duc de Guise. La haine quil avait pour le dernier se joignant à sa jalousie naturelle lui fit trouver quelque chose de si désagréable à voir ces princes avec sa femme, sans savoir comment ils s’y étaient trouvés, ni ce quils venaient faire en sa maison, quil ne put cacher le chagrin quil en avait. Il en rejeta adroitement la cause sur la crainte de ne pouvoir recevoir un si grand prince selon sa qualité, et comme il l’eût bien souhaité. Le comte de Chabanes avait encore plus de chagrin de voir M. de Guise auprès de madame de Montpensier, que M. de Montpensier n’en avait lui-même : ce que le hasard avait fait pour rassembler ces deux personnes lui semblait de si mauvais augure, quil pronostiquait aisément que ce commencement de roman ne serait pas sans suite. Madame de Montpensier fit le soir les honneurs de chez elle avec le même agrément quelle faisait toutes choses. Enfin elle ne plut que trop à ses hôtes. Le duc d’Anjou, qui était fort galant et fort bien fait, ne put voir une fortune si digne de lui sans la souhaiter ardemment. Il fut touché du même mal que M. de Guise ; et, feignant toujours des affaires extraordinaires, il demeura deux jours à Champigni, sans être obligé d’y demeurer que par les charmes de madame de Montpensier, le prince son mari ne faisant point de violence pour ly retenir. Le duc de Guise ne partit pas sans faire entendre à madame de Montpensier quil était pour elle ce quil avait été autrefois : et, comme sa passion navait été sue de personne, il lui dit plusieurs fois devant tout le monde, sans être entendu que delle, que son cœur n’était point changé : et lui et le duc dAnjou partirent de Champigni avec beaucoup de regret. Ils marchèrent long-temps tous deux dans un profond silence : mais enfin le duc dAnjou, simaginant tout dun coup que ce qui faisait sa rêverie pouvait bien causer celle du duc de Guise, lui demanda brusquement sil pensait aux beautés de la princesse de Montpensier. Cette demande si brusque, jointe à ce quavait déjà remarqué le duc de Guise des sentiments du duc dAnjou, lui fit voir quil serait infailliblement son rival, et qu’il lui était très-important de ne pas découvrir son amour à ce prince. Pour lui en ôter tout soupçon, il lui répondit, en riant, quil paraissait lui-même si occupé de la rêverie dont il laccusait, quil navait pas jugé à propos de linterrompre ; que les beautés de la princesse de Montpensier n’étaient pas nouvelles pour lui ; qu’il s’était accoutumé à en supporter l’éclat du temps quelle était destinée à être sa belle-sœur ; mais quil voyait bien que tout le monde n’en était pas si peu ébloui. Le duc d’Anjou lui avoua quil navait encore rien vu qui lui parût comparable à cette jeune princesse, et quil sentait bien que sa vue lui pourrait être dangereuse, sil y était souvent exposé. Il voulut faire convenir le duc de Guise quil sentait la même chose ; mais ce duc, qui commençait à se faire une affaire sérieuse de son amour, nen voulut rien avouer. Ces princes sen retournèrent à Loches, faisant souvent leur agréable conversation de laventure qui leur avait découvert la princesse de Montpensier. Ce ne fut pas un sujet de si grand divertissement dans Champigni. Le prince de Montpensier était mal content de tout ce qui était arrivé, sans quil en pût dire le sujet. Il trouvait mauvais que sa femme se fût trouvée dans ce bateau. Il lui semblait quelle avait reçu trop agréablement ces princes ; et, ce qui lui déplaisait le plus, était davoir remarqué que le duc de Guise lavait regardée attentivement. Il en conçut dès ce moment une jalousie furieuse, qui le fit ressouvenir de lemportement quil avait témoigné lors de son mariage ; et il eut quelque pensée que, dès ce temps-là même, il en était amoureux. Le chagrin que tous ses soupçons lui causèrent donna de mauvaises heures à la princesse de Montpensier. Le comte de Chabanes, selon sa coutume, prit soin dempêcher quils ne se brouillassent tout-à-fait, afin de persuader par-là à la princesse combien la passion quil avait pour elle était sincère et désintéressée. Il ne put sempêcher de lui demander quel effet avait produit en elle la vue du duc de Guise. Elle lui apprit quelle en avait été troublée, par la honte du souvenir de linclination quelle lui avait autrefois témoigné; quelle lavait trouvé beaucoup mieux fait quil n’était en ce temps-là ; et que même il lui avait paru quil voulait lui persuader quil laimait encore ; mais elle lassura en même temps que rien ne pouvait ébranler la résolution quelle avait prise de ne sengager jamais. Le comte de Chabanes eut bien de la joie dapprendre cette résolution ; mais rien ne le pouvait rassurer sur le duc de Guise. Il témoigna à la princesse quil appréhendait extrêmement que les premières impressions ne revinssent bientôt, et il lui fit comprendre la mortelle douleur quil aurait, pour leur intérêt commun, sil la voyait un jour changer de sentiments. La princesse de Montpensier, continuant toujours son procédé avec lui, ne répondait presque pas à ce quil lui disait de sa passion, et ne considérait toujours en lui que la qualité du meilleur ami du monde, sans lui vouloir faire lhonneur de prendre garde à celle d’amant.
Les armées étant remises sur pied, tous les princes y retournèrent ; et le prince de Montpensier trouva bon que sa femme sen vînt à Paris, pour n’être plus si proche des lieux où se faisait la guerre. Les huguenots assiégèrent la ville de Poitiers. Le duc de Guise sy jeta pour la défendre, et il y fit des actions qui suffiraient seules pour rendre glorieuse une autre vie que la sienne. Ensuite la bataille de Moncontour se donna. Le duc dAnjou, après avoir pris Saint-Jean-dAngely, tomba malade, et quitta en même temps l’armée, soit par la violence de son mal, soit par lenvie quil avait de revenir goûter le repos et les douceurs de Paris, où la présence de la princesse de Montpensier n’était pas la moindre raison qui l’attirât. L’armée demeura sous le commandement du prince de Montpensier ; et, peu de temps après, la paix étant faite, toute la cour se trouva à Paris. La beauté de la princesse effaça toutes celles quon avait admirées jusque alors. Elle attira les yeux de tout le monde par les charmes de son esprit et de sa personne. Le duc dAnjou ne changea pas à Paris les sentiments quil avait conçus pour elle à Champigni ; il prit un soin extrême de le lui faire connaître par toutes sortes de soins, prenant garde, toutefois, à ne lui en pas rendre des témoignages trop éclatants, de peur de donner de la jalousie au prince son mari. Le duc de Guise acheva den devenir violemment amoureux ; et, voulant, par plusieurs raisons, tenir sa passion cachée, il se résolut de la lui déclarer dabord, afin de s’épargner tous ces commencements qui font toujours naître le bruit et l’éclat. Étant un jour chez la reine, à une heure où il y avait très-peu de monde, la reine s’étant retirée pour parler daffaire avec le cardinal de Lorraine, la princesse de Montpensier y arriva. Il se résolut de prendre ce moment pour lui parler, et sapprochant delle : Je vais vous surprendre, madame, lui dit-il, et vous déplaire, en vous apprenant que jai toujours conservé cette passion qui vous a été connue autrefois, mais qui sest si fort augmentée en vous revoyant, que ni votre sévérité, ni la haine de M. le prince de Montpensier, ni la concurrence du premier prince du royaume, ne sauraient lui ôter un moment de sa violence. Il aurait été plus respectueux de vous la faire connaître par mes actions que par mes paroles ; mais, madame, mes actions lauraient apprise à d’autres aussi-bien qu’à vous, et je souhaite que vous sachiez seule que je suis assez hardi pour vous adorer. La princesse fut dabord si surprise et si troublée de ce discours, quelle ne songea pas à l’interrompre ; mais ensuite, étant revenue à elle, et commençant à lui répondre, le prince de Montpensier entra. Le trouble et lagitation étaient peints sur le visage de la princesse ; la vue de son mari acheva de lembarrasser, de sorte quelle lui en laissa plus entendre que le duc de Guise ne lui en venait de dire. La reine sortit de son cabinet, et le duc se retira pour guérir la jalousie de ce prince. La princesse de Montpensier trouva, le soir, dans lesprit de son mari tout le chagrin imaginable. Il semporta contre elle avec des violences épouvantables, et lui défendit de parler jamais au duc de Guise, Elle se retira bien triste dans son appartement, et bien occupée des aventures qui lui étaient arrivées ce jour-là. Le jour suivant, elle revit le duc de Guise chez la reine ; mais il ne laborda pas, et se contenta de sortir un peu après elle, pour lui faire voir quil ny avait que faire quand elle n’y était pas. Il ne se passait point de jour quelle ne reçût mille marques cachées de la passion de ce duc, sans quil essayât de lui en parler, que lorsquil ne pouvait être vu de personne. Comme elle était bien persuadée de cette passion, elle commença, nonobstant toutes les résolutions quelle avait faites à Champigni, à sentir, dans le fond de son cœur, quelque chose de ce qui y avait été autrefois. Le duc dAnjou, de son côté, n’oubliait rien pour lui témoigner son amour en tous les lieux où il la pouvait voir, et il la suivait continuellement chez la reine sa mère. La princesse sa sœur de qui il était aimé, en était traitée avec une rigueur capable de guérir toute autre passion que la sienne. On découvrit, en ce temps-là, que cette princesse, qui fut depuis la reine de Navarre, eut quelque attachement pour le duc de Guise ; et ce qui le fit découvrir davantage fut le refroidissement qui parut du duc dAnjou pour le duc de Guise. La princesse de Montpensier apprit cette nouvelle, qui ne lui fut pas indifférente, et qui lui fit sentir quelle prenait plus d’intérêt au duc de Guise quelle ne pensait. M. de Montpensier, son beau-père, épousant alors mademoiselle de Guise, sœur de ce duc, elle était contrainte de le voir souvent dans les lieux où les cérémonies des noces les appelaient lun et lautre. La princesse de Montpensier ne pouvant plus souffrir quun homme que toute la France croyait amoureux de Madame, osât lui dire quil l’était delle, et se sentant offensée, et quasi affligée de s’être trompée elle-même, un jour que le duc de Guise la rencontra chez sa sœur, un peu éloignée des autres, et quil lui voulut parler de sa passion, elle linterrompit brusquement, et lui dit dun ton de voix qui marquait sa colère : Je ne comprends pas quil faille, sur le fondement dune faiblesse dont on a été capable à treize ans, avoir laudace de faire lamoureux dune personne comme moi, et sur-tout quand on lest dune autre à la vue de toute la cour. Le duc de Guise, qui avait beaucoup desprit et qui était fort amoureux, neut besoin de consulter personne pour entendre tout ce que signifiaient les paroles de la princesse. Il lui répondit avec beaucoup de respect : J’avoue, madame, que jai eu tort de ne pas mépriser lhonneur d’être beau-frère de mon roi, plutôt que de vous laisser soupçonner un moment que je pouvais désirer un autre cœur que le vôtre ; mais, si vous voulez me faire la grâce de m’écouter, je suis assuré de me justifier auprès de vous. La princesse de Montpensier ne répondit point ; mais elle ne s’éloigna pas, et le duc de Guise, voyant quelle lui donnait laudience quil souhaitait, lui apprit que, sans s’être attiré les bonnes grâces de Madame par aucun soin, elle len avait honoré ; que, nayant nulle passion pour elle, il avait très-mal répondu à l’honneur quelle lui faisait, jusqu’à ce quelle lui eût donné quelque espérance de l’épouser ; qu’à la vérité, la grandeur où ce mariage pouvait l’élever l’avait obligé de lui rendre plus de devoirs ; et que c’était ce qui avait donné lieu au soupçon quen avaient eu le roi et le duc d’Anjou ; que lopposition de lun ni de lautre ne le dissuadait pas de son dessein ; mais que, si ce dessein lui déplaisait, il labandonnait, dès lheure même, pour ny penser de sa vie. Le sacrifice que le duc de Guise faisait à la princesse lui fit oublier toute la rigueur et toute la colère avec laquelle elle avait commencé de lui parler. Elle changea de discours, et se mit à l’entretenir de la faiblesse quavait eue Madame de laimer la première, et de lavantage considérable quil recevrait en l’épousant. Enfin, sans rien dire dobligeant au duc de Guise, elle lui fit revoir mille choses agréables, quil avait trouvées autrefois en mademoiselle de Mézière. Quoiquils ne se fussent point parlé depuis longtemps, ils se trouvèrent accoutumés l’un à l’autre, et leurs cœurs se remirent aisément dans un chemin qui ne leur était pas inconnu. Ils finirent cette agréable conversation, qui laissa une sensible joie dans lesprit du duc de Guise. La princesse nen eut pas une petite de connaître quil laimait véritablement. Mais, quand elle fut dans son cabinet, quelles réflexions ne fit-elle point sur la honte de s’être laissée fléchir si aisément aux excuses du duc de Guise, sur lembarras où elle sallait plonger en sengageant dans une chose quelle avait regardée avec tant dhorreur, et sur les effroyables malheurs où la jalousie de son mari la pouvait jeter ! Ces pensées lui firent faire de nouvelles résolutions, mais qui se dissipèrent dès le lendemain par la vue du duc de Guise. Il ne manquait point de lui rendre un compte exact de ce qui se passait entre Madame et lui. La nouvelle alliance de leurs maisons lui donnait occasion de lui parler souvent ; mais il navait pas peu de peine à la guérir de la jalousie que lui donnait la beauté de Madame, contre laquelle il ny avait point de serment qui la pût rassurer. Cette jalousie servait à la princesse de Montpensier à défendre le reste de son cœur contre les soins du duc de Guise, qui en avait déjà gagné la plus grande partie. Le mariage du roi avec la fille de lempereur Maximilien remplit la cour de fêtes et de réjouissances. Le roi fit un ballet, où dansaient Madame et toutes les princesses. La princesse de Montpensier pouvait seule lui disputer le prix de la beauté. Le duc dAnjou dansait une entrée de Maures ; et le duc de Guise, avec quatre autres, était de son entrée. Leurs habits étaient tous pareils, comme le sont dordinaire les habits de ceux qui dansent une même entrée. La première fois que le ballet se dansa, le duc de Guise, devant que de danser, nayant pas encore son masque, dit quelques mots en passant à la princesse de Montpensier. Elle saperçut bien que le prince son mari y avait pris garde, ce qui la mit en inquiétude. Quelque temps après, voyant le duc dAnjou avec son masque et son habit de Maure, qui venait pour lui parler, troublée de son inquiétude, elle crut que c’était encore le duc de Guise, et sapprochant de lui : N’ayez des yeux ce soir que pour Madame, lui dit-elle ; je n’en serai point jalouse ; je vous lordonne : on m’observe ; ne m’approchez plus. Elle se retira sitôt quelle eut achevé ces paroles. Le duc dAnjou en demeura accablé comme dun coup de tonnerre. Il vit, dans ce moment, quil avait un rival aimé. Il comprit, par le nom de Madame, que ce rival était le duc de Guise ; et il ne put douter que la princesse sa sœur ne fût le sacrifice qui avait rendu la princesse de Montpensier favorable aux vœux de son rival. La jalousie, le dépit et la rage, se joignant à la haine quil avait déjà pour lui, firent dans son âme tout ce quon peut imaginer de plus violent, et il eût donné sur lheure quelque marque sanglante de son désespoir, si la dissimulation, qui lui était naturelle, ne fût venue à son secours, et ne l’eût obligé, par des raisons puissantes, en l’état qu’étaient les choses, à ne rien entreprendre contre le duc de Guise. Il ne put toutefois se refuser le plaisir de lui apprendre quil savait le secret de son amour ; et labordant en sortant de la salle où l’on avait dansé : C’est trop, lui dit-il, doser lever les yeux jusqu’à ma sœur, et de m’ôter ma maîtresse. La considération du roi mempêche d’éclater ; mais souvenez-vous que la perte de votre vie sera peut-être la moindre chose dont je punirai quelque jour votre témérité. La fierté du duc de Guise n’était pas accoutumée à de telles menaces ; il ne put néanmoins y répondre, parce que le roi, qui sortait dans ce moment, les appela tous deux ; mais elles gravèrent dans son cœur un désir de vengeance quil travailla toute sa vie à satisfaire. Dès le même soir, le duc dAnjou lui rendit toutes sortes de mauvais offices auprès du roi. Il lui persuada que jamais Madame ne consentirait d’être mariée avec le roi de Navarre, avec qui on proposait de la marier, tant que lon souffrirait que le duc de Guise lapprochât ; et quil était honteux de souffrir quun de ses sujets, pour satisfaire à sa vanité, apportât de lobstacle à une chose qui devait donner la paix à la France. Le roi avait déjà assez daigreur contre le duc de Guise : ce discours laugmenta si fort, que, le voyant le lendemain, comme il se présentait pour entrer au bal chez la reine, paré d’un nombre infini de pierreries, mais plus paré encore de sa bonne mine, il se mit à l’entrée de la porte, et lui demanda brusquement où il allait. Le duc, sans s’étonner, lui dit quil venait pour lui rendre ses très-humbles services : à quoi le roi répliqua, quil navait pas besoin de ceux quil lui rendait, et se tourna, sans le regarder. Le duc de Guise ne laissa pas dentrer dans la salle, outré, dans le cœur, et contre le roi et contre le duc dAnjou. Mais sa douleur augmenta sa fierté naturelle, et, par une manière de dépit, il sapprocha beaucoup plus de Madame quil navait accoutumé ; joint que ce que lui avait dit le duc dAnjou de la princesse de Montpensier lempêchait de jeter les yeux sur elle. Le duc dAnjou les observait soigneusement lun et lautre. Les yeux de cette princesse laissaient voir, malgré elle, quelque chagrin, lorsque le duc de Guise parlait à Madame. Le duc dAnjou, qui avait compris, par ce quelle lui avait dit, en le prenant pour M. de Guise, quelle avait de la jalousie, espéra de les brouiller, et, se mettant auprès delle : C’est pour votre intérêt, madame, plutôt que pour le mien, lui dit-il, que je men vais vous apprendre que le duc de Guise ne mérite pas que vous layez choisi à mon préjudice. Ne m’interrompez point, je vous prie, pour me dire le contraire dune vérité que je ne sais que trop. Il vous trompe, madame, et vous sacrifie à ma sœur, comme il vous la sacrifiée. Cest un homme qui nest capable que dambition ; mais, puisquil a eu le bonheur de vous plaire, cest assez ; je ne m’opposerai pas à une fortune que je méritais sans doute mieux que lui ; je m’en rendrais indigne, si je m’opiniâtrais davantage à la conquête d’un cœur quun autre possède. C’est trop de navoir pu attirer que votre indifférence : je ne veux pas y faire succéder la haine, en vous importunant plus longtemps de la plus fidèle passion qui fut jamais. Le duc dAnjou, qui était effectivement touché d’amour et de douleur, put à peine achever ces paroles, et, quoiquil eût commencé son discours dans un esprit de dépit et de vengeance, il sattendrit, en considérant la beauté de la princesse, et la perte quil faisait, en perdant l’espérance d’en être aimé ; de sorte que, sans attendre sa réponse, il sortit du bal, feignant de se trouver mal, et sen alla chez lui rêver à son malheur. La princesse de Montpensier demeura affligée et troublée, comme on se le peut imaginer. Voir sa réputation et le secret de sa vie entre les mains dun prince quelle avait maltraité, et apprendre par lui, sans pouvoir en douter, quelle était trompée par son amant, étaient des choses peu capables de lui laisser la liberté d’esprit que demandait un lieu destiné à la joie. Il fallut pourtant demeurer en ce lieu, et aller souper ensuite chez la duchesse de Montpensier, sa belle-mère, qui lemmena avec elle. Le duc de Guise, qui mourait dimpatience de lui conter ce quavait dit le duc dAnjou le jour précédent, la suivit chez sa sœur. Mais quel fut son étonnement, lorsque, voulant entretenir cette belle princesse, il trouva quelle ne lui parlait que pour lui faire des reproches épouvantables ; et le dépit lui faisait faire ces reproches si confusément, quil ny pouvait rien comprendre, sinon quelle laccusait dinfidélité et de trahison. Accablé de désespoir de trouver une si grande augmentation de douleur où il avait espéré de se consoler de tous ses ennuis, et aimant cette princesse avec une passion qui ne pouvait plus le laisser vivre dans lincertitude d’en être aimé, il se détermina tout dun coup. Vous serez satisfaite, madame, lui dit-il ; je m’en vais faire pour vous ce que toute la puissance royale naurait pu obtenir de moi. Il men coûtera ma fortune ; mais cest peu de chose pour vous satisfaire. Sans demeurer davantage chez la duchesse sa sœur il sen alla trouver, à l’heure même, les cardinaux ses oncles, et, sur le prétexte du mauvais traitement quil avait reçu du roi, il leur fit voir une si grande nécessité pour sa fortune à faire paraître quil navait aucune pensée d’épouser madame, quil les obligea à conclure son mariage avec la princesse de Portien, duquel on avait déjà parlé. La nouvelle de ce mariage fut aussitôt sue par tout Paris. Tout le monde fut surpris, et la princesse de Montpensier en fut touchée de joie et de douleur. Elle fut bien aise de voir par-là le pouvoir quelle avait sur le duc ; et elle fut fâchée, en même temps, de lui avoir fait abandonner une chose aussi avantageuse que le mariage de Madame. Le duc, qui voulait au moins que lamour le récompensât de ce quil perdait du côté de la fortune, pressa la princesse de lui donner une audience particulière, pour s’éclaircir des reproches injustes quelle lui avait faits. Il obtint quelle se trouverait chez la duchesse de Montpensier, sa sœur, à une heure que cette duchesse ny serait pas, et quil pourrait lentretenir en particulier. Le duc de Guise eut la joie de se pouvoir jeter à ses pieds, de lui parler en liberté de sa passion, et de lui dire ce quil avait souffert de ses soupçons. La princesse ne pouvait s’ôter de lesprit ce que lui avait dit le duc dAnjou, quoique le procédé du duc de Guise la dût absolument rassurer. Elle lui apprit le juste sujet quelle avait de croire quil lavait trahie, puisque le duc dAnjou savait ce quil ne pouvait avoir appris que de lui. Le duc de Guise ne savait par où se défendre, et était aussi embarrassé que la princesse de Montpensier à deviner ce qui avait pu découvrir leur intelligence. Enfin, dans la suite de leur conversation, comme elle lui remontrait quil avait eu tort de précipiter son mariage avec la princesse de Portien, et dabandonner celui de Madame, qui lui était si avantageux, elle lui dit quil pouvait bien juger quelle nen eût eu aucune jalousie, puisque, le jour du ballet, elle-même lavait conjuré de n’avoir des yeux que pour Madame. Le duc de Guise lui dit quelle avait eu intention de lui faire ce commandement, mais quassurément elle ne le lui avait pas fait. La princesse lui soutint le contraire. Enfin, à force de disputer et dapprofondir, ils trouvèrent quil fallait quelle se fût trompée dans la ressemblance des habits, et quelle-même eût appris au duc dAnjou ce quelle accusait le duc de Guise de lui avoir appris. Le duc de Guise, qui était presque justifié dans son esprit par son mariage, le fut entièrement par cette conversation. Cette belle princesse ne put refuser son cœur à un homme qui lavait possédé autrefois, et qui venait de tout abandonner pour elle. Elle consentit donc à recevoir ses vœux, et lui permit de croire quelle n’était pas insensible à sa passion. Larrivée de la duchesse de Montpensier, sa belle-mère, finit cette conversation, et empêcha le duc de Guise de lui faire voir les transports de sa joie. Quelque temps après, la cour sen allant à Blois, où la princesse de Montpensier la suivit, le mariage de Madame avec le roi de Navarre y fut conclu. Le duc de Guise, ne connaissant plus de grandeur ni de bonne fortune que celle d’être aimé de la princesse, vit avec joie la conclusion de ce mariage, qui laurait comblé de douleur dans un autre temps. Il ne pouvait si bien cacher son amour, que le prince de Montpensier nen entrevît quelque chose, lequel, n’étant plus maître de sa jalousie, ordonna à la princesse sa femme de sen aller à Champigni. Ce commandement lui fut bien rude : il fallut pourtant obéir. Elle trouva moyen de dire adieu en particulier au duc de Guise ; mais elle se trouva bien embarrassée à lui donner des moyens sûrs pour lui écrire. Enfin, après avoir bien cherché, elle jeta les yeux sur le comte de Chabanes, quelle comptait toujours pour son ami, sans considérer quil était son amant. Le duc de Guise, qui savait à quel point ce comte était ami du prince de Montpensier, fut épouvanté quelle le choisît pour son confident ; mais elle lui répondit si bien de sa fidélité, quelle le rassura. Il se sépara delle avec toute la douleur que peut causer labsence dune personne que lon aime passionnément. Le comte de Chabanes, qui avait toujours été malade à Paris pendant le séjour de la princesse de Montpensier à Blois, sachant quelle sen allait à Champigni, la fut trouver sur le chemin, pour sen aller avec elle. Elle lui fit mille caresses et mille amitiés, et lui témoigna une impatience extraordinaire de sentretenir en particulier, dont il fut dabord charmé. Mais quels furent son étonnement et sa douleur, quand il trouva que cette impatience nallait qu’à lui conter quelle était passionnément aimée du duc de Guise, et quelle laimait de la même sorte ! Son étonnement et sa douleur ne lui permirent pas de répondre. La princesse, qui était pleine de sa passion, et qui trouvait un soulagement extrême à lui en parler, ne prit pas garde à son silence, et se mit à lui conter jusquaux plus petites circonstances de son aventure. Elle lui dit comme le duc de Guise et elle étaient convenus de recevoir, par son moyen, les lettres quils devaient s’écrire. Ce fut le dernier coup pour le comte de Chabanes, de voir que sa maîtresse voulait quil servît son rival, et quelle lui en faisait la proposition comme dune chose qui lui devait être agréable. Il était si absolument maître de lui-même, quil lui cacha tous ses sentiments. Il lui témoigna seulement la surprise où il était de voir en elle un si grand changement. Il espéra dabord que ce changement, qui lui ôtait toute espérance, lui ôterait aussi toute sa passion ; mais il trouva cette princesse si charmante, sa beauté naturelle étant encore beaucoup augmentée par une certaine grâce que lui avait donnée lair de la cour, quil sentit quil laimait plus que jamais. Toutes les confidences quelle lui faisait sur la tendresse et sur la délicatesse de ses sentiments pour le duc de Guise lui faisaient voir le prix du cœur de cette princesse, et lui donnaient un vif désir de le posséder. Comme sa passion était la plus extraordinaire du monde, elle produisit leffet du monde le plus extraordinaire, car elle le fit résoudre de porter à sa maîtresse les lettres de son rival. Labsence du duc de Guise donnait un chagrin mortel à la princesse de Montpensier, et, n’espérant de soulagement que par ses lettres, elle tourmentait incessamment le comte de Chabanes, pour savoir sil nen recevait point, et se prenait quasi à lui de n’en avoir pas assez tôt. Enfin, il en reçut par un gentilhomme du duc de Guise, et il les lui apporta à l’heure même, pour ne lui retarder pas sa joie dun moment. Celle quelle eut de les recevoir fut extrême. Elle ne prit pas le soin de la cacher, et lui fit avaler à longs traits tout le poison imaginable, en lui lisant ces lettres et la réponse tendre et galante quelle y faisait. Il porta cette réponse au gentilhomme, avec la même fidélité avec laquelle il avait rendu la lettre à la princesse, mais avec plus de douleur. Il se consola pourtant un peu, dans la pensée que cette princesse ferait quelque réflexion sur ce quil faisait pour elle, et quelle lui en témoignerait de la reconnaissance. La trouvant de jour en jour plus rude pour lui, par le chagrin quelle avait dailleurs, il prit la liberté de la supplier de penser un peu à ce quelle lui faisait souffrir. La princesse, qui navait dans la tête que le duc de Guise, et qui ne trouvait que lui seul digne de ladorer, trouva si mauvais quun autre que lui osât penser à elle, quelle maltraita bien plus le comte de Chabanes en cette occasion, quelle navait fait la première fois quil lui avait parlé de son amour. Quoique sa passion, aussi bien que sa patience, fût extrême, et à toute épreuve, il quitta la princesse et sen alla chez un de ses amis dans le voisinage de Champigny, d’où il lui écrivit avec toute la rage que pouvait lui causer un si étrange procédé, mais néanmoins avec tout le respect qui était dû à sa qualité ; et, par sa lettre, il lui disait un éternel adieu. La princesse commença à se repentir davoir si peu ménagé un homme sur qui elle avait tant de pouvoir ; et, ne pouvant se résoudre à le perdre, non-seulement à cause de lamitié quelle avait pour lui, mais aussi par l’intérêt de son amour, pour lequel il lui était tout-à-fait nécessaire, elle lui manda quelle voulait absolument lui parler encore une fois, et, après cela, quelle le laissait libre de faire ce quil lui plairait. Lon est bien faible quand on est amoureux. Le comte revint, et, en moins dune heure, la beauté de la princesse de Montpensier, son esprit et quelques paroles obligeantes, le rendirent plus soumis quil navait jamais été, et il lui donna même des lettres du duc de Guise, quil venait de recevoir. Pendant ce temps, lenvie quon eut à la cour dy faire venir les chefs du parti huguenot, pour cet horrible dessein quon exécuta le jour de la Saint-Barthelemi, fit que le roi, pour les mieux tromper, éloigna de lui tous les princes de la maison de Bourbon et tous ceux de la maison de Guise. Le prince de Montpensier sen retourna à Champigni, pour achever daccabler la princesse sa femme par sa présence. Le duc de Guise sen alla à la campagne, chez le cardinal de Lorraine, son oncle. Lamour et l’oisiveté mirent dans son esprit un si violent désir de voir la princesse de Montpensier, que, sans considérer ce quil hasardait pour elle et pour lui, il feignit un voyage, et, laissant tout son train dans une petite ville, il prit avec lui ce seul gentilhomme qui avait déjà fait plusieurs voyages à Champigni, et il sy en alla en poste. Comme il navait point dautre adresse que celle du comte de Chabanes, il lui fit écrire un billet par ce même gentilhomme, par lequel ce gentilhomme le priait de le venir trouver en un lieu quil lui marquait. Le comte de Chabanes, croyant que c’était seulement pour recevoir des lettres du duc de Guise, lalla trouver ; mais il fut extrêmement surpris, quand il vit le duc de Guise, et il nen fut pas moins affligé. Ce duc, occupé de son dessein, ne prit non plus garde à l’embarras du comte que la princesse de Montpensier avait fait à son silence lorsquelle lui avait conté son amour. Il se mit à lui exagérer sa passion, et à lui faire comprendre quil mourrait infailliblement, sil ne lui faisait obtenir de la princesse la permission de la voir. Le comte de Chabanes lui répondit froidement quil dirait à cette princesse tout ce quil souhaitait qu’il lui dît, et quil viendrait lui en rendre réponse. Il sen retourna à Champigni, combattu de ses propres sentiments, mais avec une violence qui lui ôtait quelquefois toute sorte de connaissance. Souvent il prenait la résolution de renvoyer le duc de Guise sans le dire à la princesse de Montpensier ; mais la fidélité exacte quil lui avait promise changeait aussitôt sa résolution. Il arriva auprès delle, sans savoir ce quil devait faire ; et, apprenant que le prince de Montpensier était à la chasse, il alla droit à l’appartement de la princesse, qui, le voyant troublé, fit retirer aussitôt ses femmes pour savoir le sujet de ce trouble. Il lui dit, en se modérant le plus quil lui fut possible, que le duc de Guise était à une lieue de Champigni, et quil souhaitait passionnément de la voir. La princesse fit un grand cri à cette nouvelle, et son embarras ne fut guère moindre que celui du comte. Son amour lui présenta dabord la joie quelle aurait de voir un homme quelle aimait si tendrement : mais, quand elle pensa combien cette action était contraire à sa vertu, et quelle ne pouvait voir son amant quen le faisant entrer la nuit chez elle, à l’insu de son mari, elle se trouva dans une extrémité épouvantable. Le comte de Chabanes attendait sa réponse comme une chose qui allait décider de sa vie ou de sa mort. Jugeant de lincertitude de la princesse par son silence, il prit la parole pour lui représenter tous les périls où elle sexposerait par cette entrevue ; et, voulant lui faire voir quil ne lui tenait pas ce discours pour ses intérêts, il lui dit : Si, après tout ce que je viens de vous représenter, madame, votre passion est la plus forte, et que vous désiriez voir le duc de Guise, que ma considération ne vous en empêche point, si celle de votre intérêt ne le fait pas. Je ne veux point priver dune si grande satisfaction une personne que jadore, ni être cause quelle cherche des personnes moins fidèles que moi pour se la procurer. Oui, madame, si vous le voulez, jirai quérir le duc de Guise dès ce soir, car il est trop périlleux de le laisser plus long-temps où il est, et je l’amènerai dans votre appartement. Mais par où et comment, interrompit la princesse ? Ah ! madame, s’écria le comte, cen est fait, puisque vous ne délibérez plus que sur les moyens. Il viendra, madame, ce bienheureux amant. Je l’amènerai par le parc : donnez ordre seulement à celle de vos femmes à qui vous vous fiez le plus, quelle baisse, précisément à minuit, le petit pont-levis, qui donne de votre antichambre dans le parterre, et ne vous inquiétez pas du reste. En achevant ces paroles, il se leva ; et, sans attendre dautre consentement de la princesse de Montpensier, il remonta à cheval, et vint trouver le duc de Guise, qui lattendait avec une impatience extrême. La princesse de Montpensier demeura si troublée, quelle fut quelque temps sans revenir à elle. Son premier mouvement fut de faire rappeler le comte de Chabanes, pour lui défendre damener le duc de Guise ; mais elle nen eut pas la force. Elle pensa que, sans le rappeler, elle navait qu’à ne point faire abaisser le pont. Elle crut quelle continuerait dans cette résolution. Quand lheure de lassignation approcha, elle ne put résister davantage à l’envie de voir un amant quelle croyait si digne delle, et elle instruisit une de ses femmes de tout ce quil fallait faire pour introduire le duc de Guise dans son appartement. Cependant, et ce duc et le comte de Chabanes approchaient de Champigni ; mais dans un état bien différent : le duc abandonnait son âme à la joie et à tout ce que l’espérance inspire de plus agréable, et le comte sabandonnait à un désespoir et à une rage qui le poussèrent mille fois à donner de son épée au travers du corps de son rival. Enfin ils arrivèrent au parc de Champigni, où ils laissèrent leurs chevaux à l’écuyer du duc de Guise ; et, passant par des brèches qui étaient aux murailles, ils vinrent dans le parterre. Le comte de Chabanes, au milieu de son désespoir, avait toujours quelque espérance que la raison reviendrait à la princesse de Montpensier, et quelle prendrait enfin la résolution de ne point voir le duc de Guise. Quand il vit ce petit pont abaissé, ce fut alors quil ne put douter du contraire, et ce fut aussi alors quil fut tout prêt à se porter aux dernières extrémité; mais, venant à penser que, sil faisait du bruit, il serait ouï apparemment du prince de Montpensier, dont lappartement donnait sur le même parterre, et que tout ce désordre tomberait ensuite sur la personne quil aimait le plus, sa rage se calma à l’heure même, et il acheva de conduire le duc de Guise aux pieds de sa princesse. Il ne put se résoudre à être témoin de leur conversation, quoique la princesse lui témoignât le souhaiter, et quil l’eût bien souhaité lui-même. Il se retira dans un petit passage, qui était du côte de lappartement du prince de Montpensier, ayant dans lesprit les plus tristes pensées qui aient jamais occupé l’esprit dun amant. Cependant, quelque peu de bruit quils eussent fait en passant sur le pont, le prince de Montpensier, qui par malheur était éveillé dans ce moment, lentendit, et fit lever un de ses valets de chambre pour voir ce que c’était. Le valet de chambre mit la tête à la fenêtre, et, au travers de lobscurité de la nuit, il aperçut que le pont était abaissé. Il en avertit son maître, qui lui commanda en même temps daller dans le parc voir ce que ce pouvait être. Un moment après, il se leva lui-même, étant inquiet de ce quil lui semblait avoir ouï marcher quelquun, et sen vint droit à l’appartement de la princesse sa femme, qui répondait sur le pont. Dans le moment quil approchait de ce petit passage où était le comte de Chabanes, la princesse de Montpensier, qui avait quelque honte de se trouver seule avec le duc de Guise, pria plusieurs fois le comte dentrer dans sa chambre. Il sen excusa toujours, et, comme elle len pressait davantage, possédé de rage et de fureur, il lui répondit si haut quil fut ouï du prince de Montpensier ; mais si confusément que ce prince entendit seulement la voix dun homme, sans distinguer celle du comte. Une pareille aventure eût donné de lemportement à un esprit et plus tranquille et moins jaloux : aussi mit-elle dabord lexcès de la rage et de la fureur dans celui du prince. Il heurta aussitôt à la porte avec impétuosité, et, criant pour se faire ouvrir, il donna la plus cruelle surprise du monde à la princesse, au duc de Guise et au comte de Chabanes. Le dernier, entendant la voix du prince, comprit dabord quil était impossible de lempêcher de croire quil ny eût quelquun dans la chambre de la princesse sa femme, et, la grandeur de sa passion lui montrant en ce moment, que, sil y trouvait le duc de Guise, madame de Montpensier aurait la douleur de le voir tuer à ses yeux, et que la vie même de cette princesse ne serait pas en sûreté, il résolut, par une générosité sans exemple, de sexposer pour sauver une maîtresse ingrate et un rival aimé. Pendant que le prince de Montpensier donnait mille coups à la porte, il vint au duc de Guise, qui ne savait quelle résolution prendre, et il le mit entre les mains de cette femme de madame de Montpensier qui lavait fait entrer par le pont, pour le faire sortir par le même lieu, pendant quil sexposerait à la fureur du prince. À peine le duc était hors de lantichambre, que le prince, ayant enfoncé la porte du passage, entra dans la chambre comme un homme possédé de fureur et qui cherchait sur qui la faire éclater. Mais quand il ne vit que le comte de Chabanes, et quil le vit immobile, appuyé sur la table, avec un visage où la tristesse était peinte, il demeura immobile lui-même : et la surprise de trouver, et seul et la nuit, dans la chambre de sa femme lhomme du monde quil aimait le mieux, le mit hors d’état de pouvoir parler. La princesse était à demi-évanouie sur des carreaux, et jamais peut-être la fortune na mis trois personnes en des états si pitoyables. Enfin, le prince de Montpensier, qui ne croyait pas ce quil voyait, et qui voulait démêler ce chaos où il venait de tomber, adressant la parole au comte, dun ton qui faisait voir quil avait encore de lamitié pour lui : Que vois-je, lui dit-il ? Est-ce une illusion ou une vérité ? Est-il possible quun homme que jai aimé si chèrement choisisse ma femme entre toutes les autres femmes, pour la séduire ? Et vous, madame, dit-il à la princesse, en se tournant de son côté, n’était-ce point assez de m’ôter votre cœur et mon honneur, sans m’ôter le seul homme qui me pouvait consoler de ces malheurs ? Répondez-moi lun ou lautre, leur dit-il, et éclaircissez-moi dune aventure que je ne puis croire telle quelle me paraît. La princesse n’était pas capable de répondre, et le comte de Chabanes ouvrit plusieurs fois la bouche sans pouvoir parler. Je suis criminel à votre égard, lui dit-il enfin, et indigne de lamitié que vous avez eue pour moi ; mais ce nest pas de la manière que vous pouvez limaginer. Je suis plus malheureux que vous, et plus désespéré ; je ne saurais vous en dire davantage. Ma mort vous vengera, et, si vous voulez me la donner tout-à-l’heure, vous me donnerez la seule chose qui peut m’être agréable. Ces paroles, prononcées avec une douleur mortelle et avec un air qui marquait son innocence, au lieu d’éclaircir le prince de Montpensier, lui persuadaient de plus en plus quil y avait quelque mystère dans cette aventure, quil ne pouvait deviner ; et, son désespoir saugmentant par cette incertitude : Ôtez-moi la vie vous-même, lui dit-il, ou donnez-moi l’éclaircissement de vos paroles ; je n’y comprends rien : vous devez cet éclaircissement à mon amitié : vous le devez à ma modération ; car tout autre que moi aurait déjà vengé sur votre vie un affront si sensible. Les apparences sont bien fausses, interrompit le comte. Ah ! c’est trop, répliqua le prince ; il faut que je me venge, et puis je m’éclaircirai à loisir. En disant ces paroles, il sapprocha du comte de Chabanes avec laction dun homme emporté de rage. La princesse, craignant quelque malheur (ce qui ne pouvait pourtant pas arriver, son mari nayant point d’épée), se leva pour se mettre entre deux. La faiblesse où elle était la fit succomber à cet effort, et, comme elle approchait de son mari, elle tomba évanouie à ses pieds. Le prince fut encore plus touché de cet évanouissement quil navait été de la tranquillité où il avait trouvé le comte, lorsquil s’était approché de lui ; et, ne pouvant plus soutenir la vue de deux personnes qui lui donnaient des mouvements si tristes, il tourna la tête de lautre côté, et se laissa tomber sur le lit de sa femme, accablé d’une douleur incroyable. Le comte de Chabanes, pénétré de repentir davoir abusé d’une amitié dont il recevait tant de marques, et, ne trouvant pas quil pût jamais réparer ce quil venait de faire, sortit brusquement de la chambre, et, passant par lappartement du prince, dont il trouva les portes ouvertes, il descendit dans la cour ; il se fit donner des chevaux, et sen alla dans la campagne, guidé par son seul désespoir. Cependant, le prince de Montpensier, qui voyait que la princesse ne revenait point de son évanouissement, la laissa entre les mains de ses femmes, et se retira dans sa chambre avec une douleur mortelle. Le duc de Guise, qui était sorti heureusement du parc, sans savoir quasi ce quil faisait, tant il était troublé, s’éloigna de Champigni de quelques lieues ; mais il ne put s’éloigner davantage, sans savoir des nouvelles de la princesse. Il s’arrêta dans une forêt, et envoya son écuyer pour apprendre du comte de Chabanes ce qui était arrivé de cette terrible aventure. L’écuyer ne trouva point le comte de Chabanes ; mais il apprit dautres personnes que la princesse de Montpensier était extraordinairement malade. Linquiétude du duc de Guise fut augmentée par ce que lui dit son écuyer ; et, sans la pouvoir soulager, il fut contraint de sen retourner trouver ses oncles, pour ne pas donner de soupçon par un plus long voyage. L’écuyer du duc de Guise lui avait rapporté la vérité, en lui disant que madame de Montpensier était extrêmement malade ; car il était vrai que, sitôt que ses femmes leurent mise dans son lit, la fièvre lui prit si violemment, et avec des rêveries si horribles, que, dès le second jour, lon craignit pour sa vie. Le prince feignit d’être malade, afin quon ne s’étonnât pas de ce quil nentrait pas dans la chambre de sa femme. Lordre quil reçut de sen retourner à la cour, où l’on rappelait tous les princes catholiques pour exterminer les huguenots, le tira de lembarras où il était. Il sen alla à Paris, ne sachant ce quil avait à espérer ou à craindre du mal de la princesse sa femme. Il ny fut pas sitôt arrivé, quon commença dattaquer les huguenots en la personne dun de leurs chefs, lamiral de Châtillon ; et, deux jours après, lon fit cet horrible massacre si renommé par toute lEurope. Le pauvre comte de Chabanes, qui s’était venu cacher dans l’extrémité de lun des faubourgs de Paris, pour sabandonner entièrement à sa douleur, fut enveloppé dans la ruine des huguenots. Les personnes chez qui il s’était retiré l’ayant reconnu, et s’étant souvenues quon lavait soupçonné d’être de ce parti, le massacrèrent cette même nuit qui fut si funeste à tant de gens. Le matin, le prince de Montpensier, allant donner quelques ordres hors la ville, passa dans la rue où était le corps de Chabanes. Il fut dabord saisi d’étonnement à ce pitoyable spectacle ; ensuite, son amitié se réveillant, elle lui donna de la douleur ; mais le souvenir de loffense quil croyait avoir reçue du comte lui donna enfin de la joie, et il fut bien aise de se voir vengé par les mains de la fortune. Le duc de Guise, occupé du désir de venger la mort de son père, et, peu après, rempli de la joie de lavoir vengée, laissa peu à peu éloigner de son âme le soin dapprendre des nouvelles de la princesse de Montpensier ; et, trouvant la marquise de Noirmoutier, personne de beaucoup desprit et de beauté, et qui donnait plus d’espérance que cette princesse, il sy attacha entièrement et laima avec une passion démesurée, et qui dura jusqu’à sa mort. Cependant, après que le mal de madame de Montpensier fut venu au dernier point, il commença à diminuer : la raison lui revint ; et, se trouvant un peu soulagée par labsence du prince son mari, elle donna quelque espérance de sa vie. Sa santé revenait pourtant avec grandpeine, par le mauvais état de son esprit ; et son esprit fut travaillé de nouveau, quand elle se souvint quelle navait eu aucune nouvelle du duc de Guise pendant toute sa maladie. Elle senquit de ses femmes si elles navaient vu personne, si elles navaient point de lettres ; et, ne trouvant rien de ce quelle eût souhaité, elle se trouva la plus malheureuse du monde, davoir tout hasardé pour un homme qui labandonnait. Ce lui fut encore un nouvel accablement dapprendre la mort du comte de Chabanes, quelle sut bientôt par les soins du prince son mari. Lingratitude du duc de Guise lui fit sentir plus vivement la perte dun homme dont elle connaissait si bien la fidélité. Tant de déplaisirs si pressants la remirent bientôt dans un état aussi dangereux que celui dont elle était sortie : et, comme madame de Noirmoutier était une personne qui prenait autant de soin de faire éclater ses galanteries que les autres en prennent de les cacher, celles du duc de Guise et delle étaient si publiques, que, toute éloignée et toute malade qu’était la princesse de Montpensier, elle les apprit de tant de côtés, quelle nen put douter. Ce fut le coup mortel pour sa vie : elle ne put résister à la douleur davoir perdu lestime de son mari, le cœur de son amant, et le plus parfait ami qui fut jamais. Elle mourut en peu de jours, dans la fleur de son âge, une des plus belles princesses du monde, et qui aurait été sans doute la plus heureuse, si la vertu et la prudence eussent conduit toutes ses actions.


fin de La princesse de Montpensier.



Biographie succinte de Mme de LAFAYETTE
  • Sa naissance
1- Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette, plus connue sous le nom de Madame de La Fayette, naît dans la petite noblesse parisienne le 16 mars 1634 à Paris, morte le 25 mai 1693. Sa famille riche, gravite autour autour de Richelieu. Sa mère, fille d’un médecin du roi, est au service de la duchesse Marie-Madeleine d'Aiguillon, qui l'est depuis sa naissance. Son père, Marc Pioche de la Vergne, écuyer du roi, meurt alors qu’elle n’a que quinze ans .
- Au décès de son père, en 1650, sa mère se remarie avec le Chevalier Renaud de Sévigné, l'oncle de la Marquise de Sévigné, avec qui Madame de Lafayette sera amie toute sa vie durant.

  • La jeunesse et sa formation littéraire :
- Vers l’âge de 16 ans elle devient dame d’honneur de la reine Anne d’Autriche. elle prend petit à petit conscience des intrigues de la cour dont elle s'inspirera dans ses écrits. Elle commence également à acquérir une éducation littéraire avec Ménage qui lui enseigne l’italien et le latin
- Ce dernier l’introduit alors dans les salons littéraires en vogue de Catherine de Rambouillet, de la Marquise du Plessis-Bellière et de Madeleine de Scudéry.

  • L’âge adulte
- En 1655, elle épouse, à l’âge de 22 ans, un Auvergnat de dix-huit ans son aîné, François Motier, comte de La Fayette dont elle aura deux fils. C’est un mariage de raison. Elle l’accompagne dans ses domaines familiaux en Auvergne et dans le Bourbonnais bien qu’elle retourne fréquemment à Paris où elle commence à s’introduire dans la société de la cour et à ouvrir avec succès son propre salon. Leur bonheur conjugal semble avoir sombré après quelques années de mariage, après la naissance de leurs fils, date où François de La Fayette semble littéralement avoir disparu.La Bruyère a résumé ainsi cette étrange situation : « Nous trouvons à présent une femme qui a tellement éclipsé son mari, que nous ne savons pas s’il est mort ou en vie… »
- Elle fréquente le cercle janséniste de l'Hôtel de Nevers et rencontre vers 1660 le philosophe Arnauld et François de La Rochefoucauld, avec qui elle se lie d'amitié.

  • Ses œuvres

Grâce à son amitié avec Henriette d'Angleterre, future duchesse d’Orléans qui épouse le frère du roi, elle pénètre l'intimité de la cour.
- Établie de façon définitive à Paris en 1659 En 1662, elle publie anonymement 'La Princesse de Montpensier'
- en 1670, 'Zaïde' qu'elle écrit en collaboration avec La Rochefoucauld et le poète Segrais. De 1655 à 1680, elle sera étroitement liée avec La Rochefoucauld (l’auteur des Maximes), dont elle dira : « M. de La Rochefoucauld m’a donné de l’esprit, mais j’ai réformé son cœur. » La Rochefoucauld présente Marie-Madeleine de La Fayette à beaucoup de grands esprits littéraires du temps, y compris Racine et Boileau. 1669 voit la publication du premier tome de Zaïde, un roman hispano-mauresque édité sous la signature de Segrais mais presque certainement dû à La Fayette. Le deuxième volume est apparu en 1671. Zaïde fut l’objet de rééditions et de traductions notamment grâce à la préface de Huet.
- En 1678 parait son roman le plus célèbre qui passe pour être une anticipation du roman psychologique, 'La Princesse de Clèves'.Cette œuvre, dont le succès fut immense, passe souvent pour être le premier véritable roman français et un prototype du début du roman psychologique.
- Après la mort de son mari et de son ami La Rochefoucauld, elle écrit 'Mémoires de la Cour de France pour les années 1688 et 1689', qui ne seront publiés qu'après sa mort.
Trois de ses ouvrages ont été édités à titre posthume : La Comtesse de Tende (1718), Histoire d’Henriette d’Angleterre (1720) et Mémoires de la Cour de France (1731).

  • La fin de sa vie

La mort de La Rochefoucauld en 1680 puis de son mari en 1683 la conduit à mener une vie sociale moins active dans ses dernières années. Elle s'est clairement retirée de la vie mondaine, afin de se préparer à la mort, avec une perspective eschatologique, très présente à l'époque.




LE CONTEXTE HISTORIQUE DE LA PRINCESSE DE MONTPENSIER



Date
L'élan Spirituel
Entre tolérance civile et guerres de religion en France
L'effervescence intellectuelle et artistique





1480 -1490




L’humanisme évangélique

Depuis les XIIe-XIIIe siècles, progrès de la conscience individuelle qui entraîne l’idée d’une responsabilité plus grande et une angoisse du salut (dogme du purgatoire ; indulgences, pèlerinages, intercession des saints…) .
Désir de réforme : au cours du XVe siècle, mouvement de la stricte observance, diffusion de la devotio moderna (1420, Imitation de Jésus-christ par Thomas a Kempis).
Combat pour la diffusion de l’Ecriture : Lefèvre d’Etaples (v.1460-1536) ; Erasme de Rotterdam (1469-1536).



« L’enchantement des découvertes » (XVe - 1ère moitié du XVIe siècle)

- 1486 : Pic de la Mirandole, De la dignité humaine, 1er « manifeste de l’humanisme ».





1490 -1500






- 1492 : 1er voyage de C.Colomb
- 1494 : 2ème voyage
- 1497-1499 : voyage de Vasco de Gama
- 1499 : 3ème voyage de C.Colomb.
1500 -1510


- 1500 : Cabral découvre le Brésil.
- 1502 : 2ème voyage de Vasco de Gama.
- 1508 : Michel Ange entreprend les fresques de la chapelle Sixtine, terminées en 1512. Raphaël décore les appartements du Vatican.
- 1509 : Erasme, Eloge de la folie.
1510 -1520

La Réforme

- 1517 : les 95 thèses de Luther. Dénonciation des indulgences et critique de la papauté.


- 1513 : Machiavel, Le Prince.
- 1516 : Léonard de Vinci en France. Thomas More, Utopia.
- 1519-1522 : 1er tour du monde, Magellan et El Cano.
1520 -1530
- 1520 : publication de plusieurs ouvrages de Luther (Sola fide, sola scriptura).
- 1527 : la Suède et le Danemark gagnés à la Réforme.
- 1528 : Réforme à Berne.
- 1529 : Réforme à Bâle et à Mulhouse.

L’espoir déçu de l’évangélisme français

1521 : excommunication de Luther.
- 1521-1522 : destruction violente des images à Wittenberg par Carlstadt (Reforme radicale).
- 1529 : Louis Berquin, traducteur d’Erasme, est exécuté.
- 1524 : Erasme, Du libre arbitre.
1530 -1540
- 1536 : Calvin écrit De l’institution de la religion chrétienne : comme Luther, justification par la foi seule et non par les œuvres mais accentuée (double prédestination) ; l’Ecriture est le seul texte normatif ; eucharistie : présence réelle spirituelle mais non corporelle.
1534 : affaire des Placards. A Paris, Tours, Orléans, Blois, Rouen et Amboise, affichage d’un manifeste imprimé à Neufchâtel dénonçant l’eucharistie et la messe.
- 1532 : Rabelais, Pantagruel
- 1534 : Gargantua. Jacques Cartier est au Canada.
- 1536 : Michel Ange peint le Jugement dernier à la chapelle Sixtine.
- 1537 : Chambord, entrepris en 1519, est terminé.
1540 -1550

Réponses catholiques

- 1540 : approbation par le pape des statuts de la Compagnie de Jésus (les Jésuites).
- 1545-1563 : Concile de Trente. L’objectif n’est pas de trouver un accord avec les hérétiques mais de définir le dogme catholique. Sources de la foi : autorité de la Bible reconnue mais, à la différence des protestants, les traditions écrites et non écrites qui l’éclairent sont aussi admises (Commentaire des Pères de l’Eglise).
Le salut : l’homme doit conjuguer la grâce, don de Dieu, avec les œuvres, qui relèvent de sa liberté. Confirmation de l’existence du purgatoire ; valeur des indulgences.
Les sacrements : 7. dogmes de la transsubstantiation : lors de l’eucharistie, transformation du vin et du pain en corps et sang du Christ ;persistance de la présence réelle après la consécration.
L’œuvre disciplinaire : un nouvel épiscopat ; modèle du bon prêtre ;renforcement de la papauté. Rôle de Charles Borromée (1538-1584), évêque de Milan ; importance des jésuites et des capucins.
- 1542 : création de l’inquisition romaine. Elle n’a fonctionné qu’en Italie.
- 1545 : massacre des Vaudois.
- 1546 : exécution d’Etienne Dolet
- 1543 : traité de Copernic. Vésale préconise la méthode expérimentale en médecine.
- 1547 : Michel-ange est architecte officiel de la papauté. Travaux de la coupole de Saint Pierre.
- 1548 : Rabelais, Quart livre.
- 1549 : Du Bellay, Défense et illustration de la langue française.
1550 -1560
- 1558 : création de l’Académie de Genève.
- 1560 : fondation de l’Eglise nationale écossaise prebytérienne.
- 1553 : exécution de Michel Servet à Genève.
- 1559 : Paul IV publie le premier Index des livres interdits.
- 1556 : formation de la Pléiade (Ronsard, Du Bellay…).
1560 -1570
- 1564: confession de foi anglicane d’Elisabeth.

Crise d’Amboise et avènement politique des partisans de la concorde religieuse

- 1560 : la conjuration d’Amboise. Les conjurés protestants veulent délivrer le roi de l’emprise des Guises.
1560 : assemblée de Fontainebleau. Les « moyenneurs » au pouvoir, humanistes érasmiens comme Jean de Monluc, évêque de Valence ou Michel de L’Hospital, chancelier, veulent obtenir la concorde d’où l’idée d’un concile national. Chez les protestants, Sébastien Castellion, du Bugey, est partisan de la tolérance religieuse.
1561 : colloque de Poissy. Intransigeance à la fois des calvinistes (Théodore de Bèze) et des catholiques (légat du pape et le général des Jésuites).



Guerres de religion


- 1561-1562 : déferlement de l’iconoclasme huguenot (séparation de manière visible entre le profane et le sacré ; recomposition de la sacralité : les images sont proscrites).
1561 : édit de Janvier ou Saint-Germain. Pari par Catherine de Médicis et Michel de L’Hospital de la tolérance civile. Distinction entre le citoyen et le chrétien, entre l’ordre temporel et spirituel.
- 1562 : massacre de protestants à Wassy par l’escorte du duc de Guise. 1ère guerre de religion.
- 1562 : bataille de Dreux. Défaite des troupes protestantes du prince de Condé. Edit d’Amboise qui reconnaît la liberté de conscience et autorise le culte dans certains lieux.
- 1566 Mariage de Renée d'Anjou et du Prince de Montpensier / le Prince de Montpensier repart à la guerre peu de temps après son mariage.
- 1567 : deuxième guerre de religion. Marie et Chabannes à Champigny. La paix de Longjumeau reprend les termes de l’édit d’Amboise. Retour du P de M à Champigny. Episode de la rivière : le duc d'Anjou est à son tour séduit. Rivalité entre Anjou et Guise
- 1568-1570 : 3ème guerre de religion. Paix de Saint-Germain : liberté de culte et 4 places fortes accordées (La Rochelle, Cognac, La Charité-sur-Loire et Montauban).- la cour : Mariage de Charles IX et d'Elizabeth d'Autriche // mariage de Catherine de Guise ( soeur d'Henry de Guise) avec le Duc de Montpensier ( père) // la Princesse de Montp. Est reçue par la reine Catherine de Médicis. // De Guise reconquiert le coeur de Marie. Le bal masqué /Rdvs nocturne / Départ de Chabannes pour Paris. // Marie ss nouvelles de Guise tombe malade.


1570 -1580

- 1572 : massacre de la Saint-Barthélemy. 4ème guerre de religion. Mort de Chabannes // mort de Marie qqs temps après
- 1573-1575 : organisation de l’Union du Midi, véritable république qui se place sous la protection d’Henri de Navarre, futur Henri IV.
- 1574-1576 : 5ème guerre de religion. L’union des Malcontents contre la monarchie (catholiques modérés et réformés contre les troupes royales).
- 1575 : la « paix de Monsieur » ou édit de Beaulieu. Culte réformé autorisé partout sauf à Paris, 8 places de sûreté, chambres mi-parties.

Victoire de l’idéologie absolutiste et affirmation des littératures nationales


- 1576 : Jean Bodin, La République (6 livres).
1580 -1590

- 1585 : ralliée par Henri III (1574-1589), une ligue catholique, opposée à la paix de Beaulieu parvient à faire proclamer l’édit de Nemours qui ordonne aux protestants d’abjurer.
- 1585-1589 : 8ème guerre de religion. Crise de légitimité de la royauté. Henri III est assassiné.
- 1580 : Montaigne, Les Essais (livres I et II).
- 1584 : achèvement du palais de l’Escorial (Madrid).
- 1588 :. Montaigne (livre III).
1590 -1600

- 1593 : abjuration d’ Henri IV.
- 1594 : sacre d’Henri IV.
1598 : édit de Nantes. Paix de Vervins.
- 1590-1601 : Shakespeare, grands drames historiques (Richard III, Roméo et Juliette, Le Marchand de Venise, Henri IV, Jules César…).
- 1596 : Etienne Pasquier, Les Recherches de la France.

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